Il y a une dizaine d’année, j’avais mis fin à mon premier blog suite aux importantes modifications apportées à sa plateforme par mon hébergeur d’alors. J’avais alors migré sur Canalblog, dont la simplicité de l’environnement me convenait davantage. Hélas, suite à son rachat par Webedia, ledit environnement à lui aussi considérablement évolué et je peine à en maitriser les fonctions les plus simples. Comme par ailleurs mon blog est de plus en plus bouffé par la publicité, j’ai décidé de cesser d’y publier mes chroniques hebdomadaires.
Me voici donc une fois de plus contraint de demander asile à un nouvel hébergeur. Le contenu sera toujours le même : des chroniques littéraires consacrées à mes lectures. Principalement de la SF mais pas que.
Les nouvelles chroniques seront publiées le dimanche tandis que, les autres jours, je rapatrierais quelque-uns des billets publiés par ici.
Pour celles et ceux qui désirent me suivre dans cette nouvelle aventure, ça se passe ici.
A. N., romancière de son état, doit subir une intervention chirurgicale. Elle se réveille au XXVIème siècle en compagnie du savant Celcius qui entreprend de lui présenter l'état du monde et les raisons de son "enlèvement". Entre le scientifique et la femme de lettres commence alors une discussion à bâtons rompus où tous les coups sont permis.
Amélie Nothomb est une autrice clivante. On l'adore ou on la déteste. Elle a ses lecteurs inconditionnels et ses détracteurs. J'ai pour ma part une attitude plus mesurée à son égard et, si je trouve qu'il y a beaucoup de facilités dans ses livres, je lui reconnaît des idées souvent originales et une certaine virtuosité d'écriture.
Péplum", comme bien d'autres de ses romans, se résume à une longue conversation entre deux personnages. L'occasion d'une joute verbale parsemée de traits d'esprits et de remarques acerbes et amusantes. C'est à la fois agréable à lire et profondément agaçant. Les sujets abordés (le mariage, l'éducation des enfants, les relations Nord/Sud, l'art et la postérité...) ne manquent pas d'intérêts mais sont traités de façon superficielle. Quant à sa recherche constante du bon mot ou du terme rare (vous savez ce que c'est, vous, une aporie ?), elle finit elle aussi par irriter le lecteur. Heureusement, Amélie Nothomb possède aussi le sens de l'auto-dérision. Elle s'égratigne volontiers, se moque aussi bien de son physique que de ses capacités intellectuelles et n'hésite pas à porter un regard critique sur son oeuvre.
Quant à l'aspect 'science-fiction" de son récit, on sent bien que ce n'est pas son domaine de prédilection. Elle évacue rapidement tout ce qui touche aux questions de voyage dans le temps, se contentant de faire allusion à de vagues notions scientifiques sans prendre la peine de les expliciter et en se retranchant derrière sa prétendue inculture. On l'aura compris, la SF n'aura été pour elle qu'un moyen de confronter son personnage et son époque au jugement des humains du futur.
Jimmy Guieu a écrit ce roman en 1963, c'est à dire en pleine guerre froide, quand occidentaux et soviétiques se tiraient la bourre dans à peu près tous les domaines et notamment celui de la conquête spatiale. Il n'a donc pas été chercher très loin cette histoire de rivalité russo-américaine sur fond de course à la planète Mars.
Après une entrée en matière qui a toutes les apparences d'un roman d'espionnage, l'histoire se déporte sur la planète rouge où un équipage d'astronautes américains va se trouver confronté aux manigances de leurs homologues russes. Pas de doute, Jimmy Guieu a choisi son camp. D'un côté de braves GIs et de sympathiques scientifiques explorant la faune et la flore martienne dans le respect du droit international, de l'autre d'infâmes soviétiques prêts à toutes les bassesses pour faire triompher le marteau et la faucille.
Le récit est rondement mené. Après un voyage sans anicroches, quelques explorations des célèbres canaux de Mars et une ou deux altercations plus ou moins musclées entre les deux expéditions, c'est déjà la fin. Une fin plutôt bien amenée avec une chute à double détente que je n'avais pas vu venir et qui renvoie dos à dos les militaires des deux camps.
Oulà ! J’ai eu bien du mal à venir à bout de ce court roman de Kiyoshi Kurosawa. Pourtant, l’idée d’une invasion de fantômes venus reprendre leur place sur Terre au détriment des vivants n’était pas mauvaise, tout comme le choix de l’ordinateur et d’internet comme vecteurs entre le monde des vivants et celui des morts. Les personnages, pour la plupart de jeunes adultes, ne sont pas non plus en cause même si certaines de leurs réactions m’ont parfois semblé étranges ou surfaites.
Ce qui m’a vraiment gêné avec ce roman c’est son style. Bien sûr il faut faire la part de l’influence de la traduction sur l’œuvre originale mais, sauf à considérer que la traductrice débute dans le métier, il m'a semblé que l’écriture de l'auteur manquait de rigueur. Quant aux dialogues, ils sonnent particulièrement faux et frisent même parfois le ridicule.
Heureusement, l’atmosphère générale du roman est de meilleure qualité. L'auteur maîtrise très bien la montée du mystère et l'installation de la peur dans le quotidien de ses personnages. Ses descriptions finales de Tokyo à peu près vidée de ses habitants composent quelques images saisissantes et ajoutent également à cette ambiance triste et morbide. Aussi, sachant que l’auteur a adapté lui-même son roman au cinéma, je ne peux m’empêcher de penser qu’il l’a conçu davantage comme un scénario que comme une véritable œuvre littéraire. Mais alors, que vaut le film ?
"Crash !" est un roman si particulier, si étrange, si dérangeant qu'il s'avère bien difficile de le chroniquer. D'ailleurs, je me demande encore quel était le but recherché par l'auteur et je ne suis pas franchement certain d'avoir saisi le fond de sa pensée. Bien sûr, on comprend qu'il s'y livre à une attaque en règle contre une société qui aliène et qui déshumanise. Un monde qui vous force à adopter une conduite essentiellement consumériste et vous oblige à vivre dans des espaces et des lieux dont la nature a été presque totalement bannie.
Tout le récit se déroule en effet dans une portion de banlieue complètement artificialisée : parkings aériens, voies rapides, échangeurs, hypermarchés, cités dortoirs, aéroport, les personnages semblent prisonniers de "ce nexus de béton et de structures d’acier". Ils ne sont plus eux-mêmes que des éléments quelconques de ce décor, s’effaçant derrière leurs véhicules auxquels ils finissent par s'identifier.
J. G. Ballard met en scène des hommes et des femmes qui, à la suite d'accidents de la circulation dont ils ont été victimes, continuent de hanter les lieux de leur calvaire et cherchent à revivre par le biais du sexe, l'expérience traumatisante qu'ils ont vécue. Dès lors, leur voiture cesse d'être un simple outil de mobilité pour devenir un objet de fantasme.
Les scènes de cul, osées et crues, sont nombreuses mais totalement dénuées de tendresse ou de sentiments. L'acte sexuel y est purement mécanique et observé d’un point de vue quasi médical. On sent que l'auteur veut choquer et sans doute y est-il parvenu à l'époque où le livre est sorti. Aujourd'hui l'impact ne serait évidemment plus le même. Pour autant "Crash !" illustre avec encore beaucoup de vigueur le rejet de la morale sexuelle et du consumérisme triomphant dont la voiture est le symbole.
Avec ce chouette petit recueil joliment illustré par Caza, Fabrice Schurmans nous démontre que ce ne sont pas l'apocalypse nucléaire ou le réchauffement climatique qui conduiront l'espèce humaine à sa perte, mais son égoïsme. Chaque nouvelle nous montre en effet une société de plus en plus divisée, le fossé ne cessant de se creuser entre le pouvoir et le peuple, entre les puissants et les faibles, les riches et les pauvres.
On commence en douceur avec "Etoiles en pagaille" où il est question des excès que peuvent se permettre les classes dites supérieures. Une nouvelle un peu angoissante mais non dénué d'un certain humour avec en prime la présence de Brad Pitt himself !
"Le dernier niveau", "Les intrus" et "Le revers du silence" illustrent chacune à leur manière, le pouvoir de l'argent et la monétarisation de la vie humaine. Qu'il s'agisse de privilégiés qui s'offrent un "shoot them all" grandeur nature, d'un groupe de jeunes graffeurs plongés à leur insu dans une téléréalité mortelle ou d'un bobo de la haute qui se donne le grand frisson en chassant du pauvre, toutes nous montrent les dérives auxquelles peuvent coduire l'absence de mixité sociale. Les différentes classes sont hermétiques les unes aux autres. Le pauvre est relégué en périphérie. Il devient un intrus, un danger, un ennemi.
Avec "L'inconnue du mur", la peur change de camp. Entre New Paris et les vieux quartiers, les liens ont été définitivement rompus. La caste au pouvoir vit derrière de hauts murs dans des résidences ultra sécurisées. Au dehors, la populace a régressé à un stade quasi animal et la colère gronde. L'argent ne protège pas de tout. Pollution, émeutes, guerres : de quelques côté du mur que vous soyez, l'addition sera salée.
C'est ce que nous démontre "La nuit des morts vivants", le dernier texte du recueil. Paris n'est plus qu'une coquille vide où survivent péniblement quelques groupes de rescapés. L'esprit de domination n'a pas pour autant disparu et les femmes subissent encore et toujours la loi du plus fort.
Avec ce septième volume des aventures de son héros éponyme, P-J Herault met un terme à la saga qu'il a initiée dix ans plus tôt. Et il le fait plutôt bien avec une histoire dans laquelle on retrouve les grands thèmes de son oeuvre (lutte d'un petit groupe d'hommes et de femmes contre un gouvernement liberticide et création d'une communauté fondée sur la tolérance et l'entraide) et une petite surprise avec le retour de ces fameux Lloys auxquels Cal doit l'essentiel de ses connaissances et de sa technologie.
Nous retrouvons donc Cal et Giuse dans leur rôle de demi-dieux appelés à veiller sur la destinée des habitants de la planète Vaha. Cette fois, il leur faudra lutter contre un parti de va-t-en-guerre prêt à tout pour plonger le peuple dans un nouveau conflit. Mais c’est surtout du côté des Lloys que viendra le danger puisque les mystérieux extra-terrestres cherchent à récupérer par tous les moyens leur base secrète et le super ordinateur HI.
L'action va donc se situer sur deux plans. A terre où les deux héros vont prendre la tête d'un groupe de pacifistes et organiser leur exfiltration vers des territoires vierges. Dans l'espace où ils entament un véritable bras de fer avec leurs visiteurs d'outre monde. Deux intrigues plutôt bien menées mais qui ne parviennent pas à se distinguer suffisamment de celles que P-J herault nous a déjà proposées par le passé.
C'est donc surtout sur le plan psychologique qu'il faut aller chercher les idées les plus intéressantes du récit. L'auteur s'étend en effet sur les états d'âmes de ses deux héros confrontés à leur statut de démiurges et à la solitude qui en découle. Ils constatent aussi que, en dépit de leurs discrètes interventions pour les remettre sur le droit chemin, les vahussis, pas plus que les terriens, ne parviennent à s'affranchir de leurs mauvais penchants. Cela donne quelques jolies pages empreintes de spleen et de réflexions désabusées sur l'incroyable responsabilité qu'ils se ont imposée.
Ludwig Renn est à peu près inconnu en France. Il a pourtant eu un destin étonnant et vécu au plus près les grands évènements de la première moitié du XXème siècle. Né Arnold Vieth von Golssenau, il est officier pendant la première guerre mondiale qu'il effectue sur le front français. Jeté en prison dès 1933 par le régime nazi, il rejoint l'Espagne à sa libération pour prendre part à la guerre où il s'illustre en occupant d'importantes fonctions dans la hiérarchie militaire républicaine. Il est ensuite contraint de s'exiler en France, en Angleterre puis au Mexique avant de se fixer en RDA jusqu'à sa mort. Cette installation derrière le rideau de fer explique sans doute que son roman ne soit aujourd'hui pas aussi connu que ceux de Remarque ou Jünger. On peut le regretter car il constitue un témoignage de premier ordre sur la première guerre mondiale vue du côté allemand.
Ses qualités sont en effet nombreuses. Tout d'abord il a le mérite de couvrir l'intégralité du conflit. D'août 1914 à novembre 1918, nous vivons avec le soldat Renn la plupart des grands moments de la guerre : le départ d'Allemagne la fleur au fusil, les premiers accrochages, la marche en avant des armées du Reich jusqu'à la bataille de la Marne puis la guerre de position et ses grands affrontements, l'Aisne, la Somme... et enfin le retour au pays pour les survivants. Outre une vision globale du conflit, cela permet de rendre compte de l'évolution des mentalités au sein de l'armée impériale. Le patriotisme et la confiance des débuts cèdent lentement la place aux doutes et à la lassitude. Les soldats ont de plus en plus le sentiment de n'être que des pions sur un échiquier géant et l'instinct de survie finit par l'emporter sur toute autre considération.
Ludwig Renn exprime tout cela dans une langue extrêmement simple. Pas de recherche stylistique particulière. Juste une retranscription exacte et sans fioritures des faits tels qu'ils ont été vécus. Cela donne un récit qui tient davantage du journal que du roman. Il en a en tout cas la précision journalière et vaguement répétitive. Une précision qui permet de prendre la mesure de l'horreur quotidienne vécue dans les tranchées et d'apprendre énormément sur l'organisation des troupes allemandes sur le front, les rapports hiérarchiques, les patrouilles, les relèves, l'évacuation des blessés, l'acheminement de la nourriture…
On regrettera par contre que l'auteur ait fait le choix d'un héros aussi désincarné. On ne saura en effet pas grand-chose de lui si ce n'est qu'il lui reste une mère, un frère, des neveux et qu'il était sans doute menuisier dans la vie civile. Aucun indice en revanche sur sa personnalité, ses amours ou ses opinions politiques. Il se livre peu et c'est à peine si l'on a connaissance de ses sentiments ou de ses réflexions. Tout juste se permet-il quelques commentaires sur ses compagnons et certains de ses supérieurs. Pour le reste, il demeure du début à la fin le sous-officier allemand modèle, doits dans ses bottes, fidèle et consciencieux.
Après "Vive le feu" sorti dans la collection Karnage des éditions Zone 52, "Hram" est le deuxième roman de Christophe Siébert à intégrer une collection Gore. Pourtant, l'un et l'autre ne sont pas de purs exemples du genre. Ils comportent certes bon nombre de scènes dérangeantes mais la violence et le sang ne constituent pas pour autant le fonds de commerce de l'auteur. Son propos est ailleurs. Dans la critique sociale notamment. C'est précisément le cas ici puisqu'il nous invite à suivre le quotidien de deux employés précaires chargés de trouver et d'identifier dans la chaine des Carpathes, les cadavres des nombreux citoyens de la RIM qui ont trouvés la mort en tentant de fuir le black-out et la dictature quelques années plus tôt.
La première est opératrice de drone. Mère célibataire, deux enfants, elle travaille à domicile. Ordinateur, internet, bureau, fauteuil, elle assure à distance la recherche des corps. Un travail physiquement et psychologiquement harassant. Les yeux flingués, le dos bousillé, elle enquille les vacations. Jour, nuit, week-end, un emploi du temps qui change constamment et des plages de repos insuffisantes pour s'occuper de soi et de sa famille.
Le second travaille sur le terrain. Au sein d'une équipe de six personnes, il récupère les corps et procède à leur identification. Pour mener à bien sa tâche il a accepté d'être "modifié" ou, plus joliment dit, "augmenté". Désormais hyper empathique il peut, par simple apposition des mains sur le crâne des victimes, entrer en contact avec leur mémoire. Avec tous les risques psychiques que l'opération comporte.
Deux portraits, deux visages d'un même esclavage moderne. La démonstration par l'exemple de la façon dont les plus fragiles sont livrés à l'appétit des multinationales avec l'aide bienveillante de l'Etat. Résultat : dérèglementation à tous les étages, fragmentation du travail, clauses abusives et autres belles saloperies d’un capitalisme triomphant !
Avec cette nouvelle vision glaçante de la République Indépendante de Mertvecgorod, Christophe Siébert nous donne à lire une anticipation qui, si l'on n'y prend garde, précède peut-être seulement de quelques décennies notre réalité.
Bien avant d’écrire « Roma Aeterna », Robert Silverberg avait déjà tâté de l’uchronie avec "La porte des mondes", roman très court et, oui, très mineur comparativement au reste de son oeuvre. Pourtant, le point de divergence historique choisi par l'auteur semblait très prometteur. Saignée à blanc par la grande peste de 1348, l'Europe occidentale s'est montrée incapable de résister à l'invasion ottomane. La conquête du nouveau monde n'a pas eu lieu. Les civilisations aztèque et incas se sont développées et ont prospéré jusqu'à devenir au XXème siècle les principales puissances mondiales. Dans cet univers bis où Londres n'est qu'une bourgade insignifiante, le jeune Dan Beauchamps décide d'aller tenter sa chance au Mexique...
Indiscutablement, il y avait là matière à concocter un récit qui aurait mêlé aventures picaresques et implications géostratégiques dans un monde où les cartes ont été rebattues. Hélas, l'auteur s'est contenté de nous livrer un simple roman d'apprentissage. Il se distingue toutefois des histoires de ce type par le fait que son jeune héros échoue dans toutes ses entreprises. Les batailles auxquelles il participe se soldent par des défaites monumentales, sa tentative d’espionnage d'un comptoir russe est un fiasco et il finit dépouillé par des pillards amérindiens. Même en amour, ses espoirs seront déçus et il finira par perdre la femme qui lui semblait pourtant promise ! A chaque fois que son destin se trouve à la croisée des chemins, devant l’une de ses portes des mondes auquel l'auteur fait allusion, il fait immanquablement le mauvais choix et se voit contraint de repartir de zéro.
En prenant ainsi le contrepied des histoires du genre qui voient presque toujours le jeune héros triompher de toutes les difficultés et se faire une place au soleil, Silverberg nous livre un récit d'aventure rafraîchissant mais sans grande profondeur. On n’en retiendra guère plus qu'une vision de l’Amérique du nord qui, ayant échappée à la colonisation européenne, a conservé intactes ses vastes étendues de nature vierge.
Ma dernière lecture de l’un des romans de Daniel Walther paru au Fleuve Noir (Mais l’espace… Mais le temps…) m’avait laissé une impression mitigée. Une première moitié plutôt bien tournée avec un héros charismatique et une intrigue simple mais efficace suivie d’une seconde partie contemplative, obscure et ennuyeuse. « Apollo XXV » répète malheureusement le même schéma avec là encore une entame accrocheuse à laquelle succède une deuxième moitié extrêmement confuse bien que passablement mouvementée.
Je le regrette d’autant plus que cette histoire de privé enquêtant sur le meurtre d’un astronaute de retour d’une mission sur Mars offrait de belles perspectives. Pourquoi le commandant Erikson a-t-il sombré dans le mysticisme après son voyage spatial ? Quelle découverte lui et son équipage ont-ils faite sur la planète rouge ? Qui se cache derrière l'église de la New Flight Foundation ? Autant de questions et d'idées qui n'attendaient que d'être exploitées.
En reprenant certains clichés du roman noir (privé poissard, veuve joyeuse, commanditaire pas très franc du collier...) et en les assaisonnant d'un soupçon d'anticipation, Daniel Walther nous proposait une ambiance originale et un scénario qui promettait moult rebondissements et révélations. Hélas, il s'est une fois de plus laissé aller à ses mauvais penchants, privilégiant la forme au fonds et perdant ses lecteurs dans un embrouillamini de péripéties sans queue ni tête.
Seules émergent donc de cette histoire une amusante critique de ces églises qui se font du fric sur la crédulité de leurs adeptes et une sympathique idée concernant la possible nature extra-terrestre de nos dieux et de nos démons.
Fleuve Noir Anticipation - 1990
Et si vous souhaitez découvrir un autre titre de la collection, ça se passe ici :
Premier des trois romans mettant en scène le personnage d’Oswald Caine, quadragénaire baroudeur et auteur de littérature populaire, « Bunker » n’est assurément pas du niveau des deux suivants (oui j’ai lu la trilogie dans le désordre mais, comme souvent chez l’ami Serge, cela n’est pas du tout gênant).
Et pourtant, tous les ingrédients d’un bon « Brussolo » étaient réunis : une société en déliquescence, des milices toutes puissantes qui font régner la peur et la violence, une maison inquiétante peuplée des « fantômes » de ses derniers habitants, un trésor mystérieux, il y avait a priori de quoi faire.
Malheureusement, l’auteur ne s’est guère foulé question intrigue. Il s’est contenté de développer deux fils narratifs assez simplistes et qui, au premier abord, ne semblent pas avoir grand-chose en commun. D’une part, une chasse au trésor de guerre nazi dissimulé dans un petit coin d’Amérique latine. De l’autre, une passionaria révolutionnaire qui souhaite se venger d’un dictateur local.
Le premier nous propose un quasi huis-clos dans une maison-bunker construite sur une île. Demeure tarabiscotée tombant en décrépitude, passages secrets et face à face délétère avec un concierge dangereusement fantasque sont au menu de ce versant du récit. Pour le second, c’est une ville quasi désertée de ses habitants qui sert de décor. Une cité balnéaire où la végétation et la faune sauvage reprennent peu à peu leurs droits, où les derniers citadins se terrent dans des appartements transformés en fortins et vivent dans une atmosphère de crainte permanente.
Comme toujours, l’auteur nous abreuve d’idées hallucinantes et de fulgurances démentielles et, sans que l’on comprenne trop comment, les deux fils conducteurs finissent par se rejoindre pour un final d’une ironie macabre et déprimante.
Ceci étant, il manque à ce roman un petit quelque chose pour le hisser au niveau des meilleurs opus de l’auteur. Pas assez original, pas assez surprenant, pas assez délirant, « Bunker » est un Brussolo relativement moyen. Mais un Brussolo moyen, c’est déjà très bien !
Thomas Roch a mis au point une arme nouvelle convoitée par toutes les nations. A défaut de payer le prix exorbitant exigé par l'inventeur, le gouvernement américain l'a fait interner dans une maison de repos où il est surveillé à son insu par un ingénieur français qui espère percer ses secrets au profit de la France. Mais les deux hommes sont bientôt enlevés par le richissime et mystérieux comte d'Artigas...
"Face au drapeau" n'est pas le plus connu des livres de Jules Verne et, après l'avoir lu, j'avoue ne pas en être autrement surpris. Il s'agit en effet d'une histoire assez insipide qui ne fait que recycler, sans rien leur apporter de neuf, les idées de certains de ses romans précédents. On n’est donc guère étonné d'y trouver un sous-marin révolutionnaire, une base secrète au coeur d'une caverne sur une île déserte et une arme incroyablement dévastatrice.
Certes le comte d'Artigas n'est pas mû par les mêmes motivations qu'un Némo ou un Robur. C'est un bandit de la pire espèce qui ne cherche ni à prouver la supériorité de ses idées, ni à faire disparaître les navires militaires qui souillent les océans. Il n'est pas non plus l'inventeur du fulgurateur, cette arme surpuissante capable de détruire des armées entières. Pour autant, les péripéties qui nous sont narrées rappellent irrésistiblement celles de "Vingt mille lieues sous les mers" ou de "Maître du monde". Le déroulement de l'histoire est d'ailleurs assez semblable à celui de ces deux chefs d'œuvres. Là aussi, il est question de scientifiques enlevés par un homme tout puissant et maintenus en captivité sur un engin de son invention ou dans son repaire. Là encore, les captifs parviendront à faire échec à ses entreprises en agissant de l'intérieur.
Pour le reste, " Face au drapeau" s'inscrit dans la veine pessimiste de l'œuvre de Jules Verne qui le voit pointer les dangers d'une science sans contrôle ou aux mains d'individus motivés par de mauvaises raisons : l'argent, la vengeance, le nationalisme...
Le thème des mutants possédant des pouvoirs psy est un classique de la SF. La plupart du temps, ce type d'histoires s'attarde sur la lutte qui s'installe entre ces derniers et les humains "normaux" qui s'inquiètent de l'émergence d'une race qui risque de les supplanter. Or, très vite, le combat tourne court en raison de ces pouvoirs fabuleux qui viennent facilement à bout des politiques ségrégationnistes ou génocidaires des autorités. Le roman d'Alain Paris parvient à éviter cet écueil. En premier lieu parce qu'il se termine précisément au moment où ses personnages prennent la mesure de l'étendue de leurs pouvoirs. Ensuite parce qu'il met l'accent sur la façon dont ceux-ci leurs sont révélés.
L'auteur s'attarde en effet longuement sur l'origine de ces capacités hors normes et sur leurs premières manifestations. Sa théorie concernant les éruptions solaires et le clignement de temps m'a semblé un peu tirée par les cheveux et le lien entre cet évènement et les pouvoirs psy fort ténu. En revanche, leurs premières manifestations sous la forme de rêves prémonitoires, sont plutôt bien amenées.
Mais les pages les plus intéressantes sont celles qui ont trait au recrutement des "mutants" et à leur installation dans une propriété coupée du monde. Les liens qui se tissent entre les six cobayes, les examens qui s'enchainent, le manque de liberté et la surveillance constante, tous les aspects de leur vie sous contrôle sont détaillés et parfaitement rendus. De même des premiers doutes sur les véritables motivations des scientifiques qui les évaluent.
A partir de là, tout va très vite. Deux des cobayes s'évadent. Ils sont poursuivis, se défendent et contre-attaquent. Rien que de très classique mais c'est rondement mené et l'auteur n'hésite pas à trancher dans le vif en faisant disparaître des personnages de premier plan sans soucis d'une hypothétique happy-end. "Achéron" est donc un roman efficace que l'on rapprochera avec intérêt de celui que Gilles Thomas a écrit sur le même sujet, dans la même collection (cf : Les ratés).
Fleuve Noir Anticipation - 1993
Et si vous souhaitez découvrir un autre titre de la collection, ça se passe ici :
"Rhialto le merveilleux" et le quatrième et dernier volume que Jack Vance a consacré à l'univers de la Terre mourante. Vaut-il y voir l'une des raisons de sa moindre qualité ? Un certain essoufflement ? Un manque d'inspiration ? Possible. En tout cas, je me suis passablement ennuyé en lisant les aventures de son héros éponyme. Je n'y ai pas trouvé le dépaysement qui prévalait dans les opus précédents et les trois nouvelles qui composent le recueil m'ont semblé ternes et sans intérêt.
Qu'il s'agisse, pour Rhialto et ses confrères, de contrer les manigances d'une redoutable sorcière, de remonter le temps pour retrouver le recueil qui régit les lois de la magie ou de partir au bout de l'univers à la recherche du "Rien", chaque récit se résume à de longs échanges verbeux entre les magiciens ou les créatures qu'ils rencontrent. Il y a bien quelques coups fourrés et quelques retournements de situation mais le plus souvent, on se menace ou on s'invective sans que cela n'aille plus loin. Bref, beaucoup d'effets de manche mais peu d'action.
Et puis, en dépit de leur mauvais caractère et de leur suffisance, cette tripotée de magiciens ne souffre pas la comparaison avec Cugel. Ils n'ont ni son aptitude à duper tout un chacun, ni son inventivité pour se sortir des situations les plus invraisemblables. Pour se tirer d'affaire, ils se contentent de s'en remettre à leurs pouvoirs magiques ou d'exploiter les compétences de petits démons familiers. Du coup, on ne les sent jamais vraiment en danger et cela ôte tout de même un peu de suspense et d'attrait à leurs aventures.
La vie va, la vie vient, au Bostwana comme partout ailleurs. Certaines choses ne changent pas (le dilettantisme des apprentis du Tlokweng Road Speedy Motors, l'opiniâtreté de la directrice de la ferme des orphelins), d'autres évoluent (la situation financière de Mma Makutsi, la maladie de son frère) et chacun suit sa route avec de bons et de mauvais moments, devant ou derrière soi. Ainsi de Mma Ramotswe, de sa famille, de ses collègues, de ses amis.
Dans ce cinquième opus des enquêtes de la désormais célèbre détective bostwanaise, ce sont les relations entre les hommes et les femmes qui sont à l'honneur. Il est question de la façon dont ces dernières s'y prennent pour pousser les hommes à tenir leurs promesses ou à accomplir des actes auxquels ils n'avaient même pas pensé, tout en ménageant leur susceptibilité en leur faisant croire que l'idée vient d'eux. On y parle aussi des attentes des unes et des autres qui ne sont finalement pas si différentes que cela, notamment celles de la jeunesse perméable aux sirènes de la richesse et de la notoriété.
Côté enquête, c'est en revanche le calme plat. Cet épisode n'en compte qu'une seule, guère compliquée, puisqu'il s'agit de découvrir si les quatre prétendants d'une riche femme d'affaire sont motivés par l'amour ou par l'argent.
Un volume très moyen mais qui se termine sur un évènement important et sans doute très attendu de toutes les lectrices !
D'étranges feux-follets sont aperçus dans les marécages de Floride et de Tanzanie. Aux mêmes endroits, de nombreuses disparitions d'hommes et de femmes sont signalées. Joe Maury et Joan Wayle, reporters vedettes du Star Tribune sont envoyés en Afrique pour enquêter sur ces curieux phénomènes. Ils vont se trouver confrontés à des visiteurs d'outre espace tout en devant composer avec une surveillance particulièrement sévère des services secrets américains.
Ce roman de Max-André Rayjean est tout à fait représentatif du genre de textes que le Fleuve Noir Anticipation proposait à ces lecteurs dans les années 60/70. Une science-fiction très classique et très sage qui lorgne encore du côté des pulps américains. Il ne faut donc pas s'étonner d'y trouver des voitures à turbine, des visiophones et des vaisseaux spatiaux dans une Amérique où les hommes sirotent leur whisky, les directeurs de journal fument le cigare et les femmes s'évanouissent.
Si le récit débute ans une ambiance "fantastique" au milieu des cimetières et des marécages, il s'oriente très vite vers la pure science-fiction, pour nous emmener sur Mars et Vénus à la rencontre des mystérieux Xurals. Une rencontre du troisième type finalement assez banale où, une fois évacuées la question des différences physiologiques entre les humains et leurs visiteurs et après s'être appesanti sur la capacité de ces derniers à déplacer la matière à travers l'espace en faisant vibrer les ondes lumineuses, il ne reste plus grand-chose à se mettre sous la dent. Les tribulations du couple de reporters, leurs allers retours Washington/Tanzanie et Terre/Mars finissent par être lassantes et la partie de cache-cache avec les autorités manquent cruellement de peps.
Peu de mystère, guère de suspens, à peine plus d'action, on tourne les pages en sachant d'avance que les héros triompheront de toutes les difficultés et que la planète bleue sortira indemne de cette énième invasion martienne. Alors, s'il ne faut retenir qu'une seule chose de ce roman, c'est qu'en dépit du sort fatal qu'ils sont contrant d'infliger aux humains qui tombent entre leurs pattes, les ET n'y sont pas présentés comme d'affreux d'envahisseurs ennemis de l'humanité mais comme une espèce confrontée à sa propre survie. Les vrais méchants de l'histoire, ce sont les pontes du pentagone qui refusent de chercher à comprendre une espèce différente et s'en tiennent à leurs bonnes vieilles méthodes (napalm et bombe nucléaire) pour résoudre leurs problèmes de sécurité.
Fleuve Noir Anticipation - 1974
Et si vous souhaitez découvrir un autre titre de la collection, ça se passe ici :
John Nathan n'en revient toujours pas. Lui, l'obscur petit journaliste londonien est parvenu à décrocher une interview avec le mystérieux Nosferatu, l’artiste qui affole les Charts et sur lequel courent les rumeurs les plus folles. Le voici donc parti pour la Roumanie où la star vit retirée dans une étrange demeure…
Alain Pozzuoli est un spécialiste reconnu en matière de littérature fantastique et notamment de tout ce qui concerne le mythe du vampire. Il a consacré à Dracula et ses petits copains quantité d'ouvrages de références, rédigé une biographie de Bram Stocker, réalisé des documentaires et dirigés des anthologies, bref c'est une pointure. Son érudition est énorme et ses connaissances sur le sujet presque infinies. Son roman est rempli de références passionnantes sur tous ceux qui ont apporté leur pierre à l'édifice, écrivains, cinéastes, acteurs ou spécialistes ès sciences occultes. Il multiplie les anecdotes de tournage, les "private joke" ou les clins d'oeuil à Matheson, à Murnau, à Klaus Kinski… D’ailleurs le livre de Pozzuoli est presque autant une réécriture romanesque de ses travaux qu’une véritable oeuvre de fiction.
Un hommage aussi. Son intrigue reprend le canevas du roman de Stocker et notamment la plupart des scènes concernant le séjour de Jonathan Harker en Transylvanie, avec juste quelques légères différences liées à l'époque moderne à laquelle il situe son histoire. Son personnage principal, John Nathan (vous aurez remarqué la référence) sera tout aussi dépassé par les évènements que son illustre prédécesseur. Il subira de bout en bout l'ascendant de son hôte et ne pourra que constater l’étendue des dégâts et sa responsabilité dans le désastre final.
En revanche, sa conclusion est beaucoup plus rockn’roll que celle de Bram Stocker. Au propre comme au figuré. Alain Pozzuoli est aussi fin connaisseur en musique du genre et s’en sert habilement pour apporter à son livre une touche finale aussi délirante qu’amusante. Et que dire de sa chute ! « Nosferatu » est donc un livre qui plaira aux fanatiques éclairés de l'affreux des Carpathes mais qui laissera peut-être sur la touche les simples amateurs de frissons et d'aventures.
A peine installés dans le camping où ils doivent passer une semaine de vacances et de débats, sept militants d'extrême gauche sont confrontés à l'assassinat d'une vieille femme. Une question se pose alors : peuvent-ils aider la police à faire la lumière sur ce meurtre crapuleux sans renier leurs convictions anti-système ?
Syndicalistes, anarchistes ou anciens partisans de la lutte armée, la plupart des personnages de Jean-Bernard Pouy sont des activistes de gauche. Dans "Nus", il nous en propose carrément sept, tous membres d'un groupuscule libertaire réuni l'espace d'une semaine pour une sorte d'université d'été. Après la montagne et la campagne, cette année, ils ont choisi la plage. Une plage naturiste. Parce que leur vieux pote possède un camping pour les tout-nus et puis aussi parce que, à poil, on est tous égaux.
Et pourtant, même nu, il est bien difficile d'être totalement transparent. Jouer cartes sur table n'est pas toujours aisé, surtout pour les histoires de coeur et de cul. Doit-on engueuler le camarade trentenaire qui accepte les avances d'une gamine de 17 ans au nom de la défense du féminisme ou, au contraire, faut-il laisser la jeune femme user de sa liberté comme elle l'entend ? Peut-on aider la police lorsqu'il s'agit de débusquer le salopard qui a assassiné une sympathique vieille dame ou doit-on nécessairement s'en méfier ? Peut-on balancer un vieux camarade qui a renié ses idéaux ? Voilà quelques-unes des questions et cas de conscience qui se poseront à nos sympathiques militants.
C'est un plaisir de les écouter discutailler sans fin, refaire le monde, s'engueuler et finalement trouver un terrain d'entente. On a d'abord le sentiment d'avoir affaire à de doux rêveurs et puis, en écoutant leurs échanges, en constatant les résultats de leurs actions, on en vient à se dire qu'ils ont peut-être trouvé quelques solutions à nos problèmes en matière d'écologie et de démocratie participative.
L'écriture de Pouy fait comme toujours merveille et on peut compter sur lui pour nous balancer la réplique qui tue ou un bon petit jeu de mot de derrière les fagots. En revanche, l'intrigue policière s'avère assez anecdotique et permet tout juste à l'auteur de dénoncer une fois de plus l'appât du gain de ses congénères et les magouilles des requins de l'immobilier.
Obligés de quitter en urgence la ville indienne de Baskul en proie à des émeutes, quatre occidentaux voient leur avion détourné et contraint d’atterrir dans une vallée isolée de la chaîne himalayenne. Alors qu’ils désespèrent d’être secourus, le sage Conway, le jeune et bouillant Mallinson, la sévère Miss Brinklow et Henri Barnard, homme d’affaire américain peu recommandable, sont finalement recueillis par une caravane qui les mène à un mystérieux monastère tibétain…
Ce roman de James Hilton a eu une destinée surprenante. Ecrit en 1932, il bénéficia très vite d'une adaptation cinématographique de Frank Capra qui lui donna une immense notoriété et contribua à asseoir le mythe de Shangri-La, royaume perdu des montagnes tibétaines, havre de paix et séjour de l'éternelle jeunesse.
Pourtant, l’histoire que nous propose l’auteur est toute simple. Excepté les quelques péripéties qui précèdent l’arrivée de Conway et ses compagnons à Shangri-La ainsi que leur départ précipité, peu d'évènements rythment leur séjour. L'action du roman se résume pour l'essentiel à la découverte de la lamaserie et de ses habitants ainsi qu'aux longues conversations entre les différents personnages. Il n'en est pas moins extrêmement intéressant tant au niveau de l'étude de caractères qu'il nous propose que des mystères qui nous sont peu à peu révélés.
Cependant, bien que l’origine de cette oasis de spiritualité et de ses vertus, réelles ou supposées, sur le vieillissement de ses résidents soient effectivement dévoilés, nous restons dans l’expectative. Le roman ne fait que flirter avec le merveilleux et laisse le lecteur libre de choisir l’explication qui lui convient. Mystique ou romantique, il optera pour la thèse surnaturelle. Rationnel, il fera remarquer que le narrateur fut gravement gazé pendant la première guerre mondiale et en a conservé des troubles psychologiques qui l’ont poussé au délire et à l’affabulation.
Quant à l'écriture de Hilton, elle restitue fort bien l'atmosphère de calme et de sérénité de la lamaserie. Les échanges cordiaux, les débats philosophiques, les intermèdes musicaux à peine perturbées par les éclats du jeune Mallinson, loin d'être ennuyeux, donnent envie de se joindre à la compagnie et de profiter avec eux de la merveilleuse vue sur les pentes enneigées du Karakar…
Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.