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20 septembre 2020

WYST / ALASTOR 1716 - JACK VANCE

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Troisième et dernier roman du cycle d’Alastor, Wyst met une fois de plus en scène un personnage confronté à un redoutable complot. Une différence toutefois avec les deux premiers opus, et de taille, puisque la machination n’est pas dirigée contre lui mais contre les gouvernants de la 1716ème planète de l’amas d’Alastor ainsi que contre le puissant Connatic et les institutions qu’il dirige. Nous y suivons Jantiff Ravensroke,  un jeune artiste que les merveilleux couchers de soleils de la planète Wyst ont attiré en Arrabus où il va faire l’expérience de l’égalisme, une utopie selon laquelle une automatisation totale du travail doit permettre l’émergence d’une société des loisirs.

La première chose qui saute aux yeux à la lecture de ce roman est qu’il s’agit d’une critique un peu grossière et très partiale du communisme. L’auteur met l’accent sur les mauvais côté de la société « égaliste », nous montrant surtout ses travers et ses mauvais fonctionnement, ses carences et ses dérives. L’expérience que son héros fait du collectivisme s’avère en effet catastrophique. Les conditions de vie en Arrabus sont précaires, les habitants sont contraints de vivre dans des immeubles communautaires et de partager leur chambre avec des inconnus. Les repas se prennent au réfectoire où tout le monde mange la même nourriture - du bourron, du driquant et un peu de branluche pour colmater les crevasses – et le meilleur moyen pour obtenir ce qui vous fait défaut c’est le trafic ou le vol (la « fiquerie ») considérée comme une façon de soutenir l’égalisme, le meilleur remède contre ceux qui accumulent des biens.

Mais la partialité de l’auteur est encore plus visible dans la seconde moitié du roman qui voit Jantiff contraint de se débrouiller pour survivre dans une région reculée. Livré à lui-même, ne pouvant plus compter ni sur les subsides de sa lointaine famille ni sur les « bienfaits » de l’égalisme, il va devoir travailler pour s’en sortir. Nous le verrons ainsi jouer les hommes de peine et ramasser des coquillages pour le compte d’un aubergiste avant de réaliser qu’il y gagnerait plus en les lui vendant. Puis, sa situation s’améliorant, il décidera de les commercialiser lui-même, passant en quelques mois de l’état de mendiant à celui de prospère commerçant. Une véritable célébration de l’american dream et une démonstration un peu outrée des vertus du capitalisme !

Mais qu’on se rassure, ce roman n’a rien d’un pamphlet politique. Toutes les avanies, toutes les petites mesquineries que subit Jantiff tiennent en haleine le lecteur qui a hâte de le voir se rebeller. Et il le fera, en jouant d’abord quelques mauvais tours aux profiteurs de tout poil qui cherchent à le dépouiller puis en menant une véritable enquête qui l’amènera à risquer sa vie pour déjouer les sombres menées d’un trio d’aventuriers. C’est d’ailleurs l’une des principales caractéristiques de ce roman que de nous faire passer insensiblement de la grosse comédie à la tragédie. L’histoire qui débute dans une relative bonhomie glisse peu à peu dans le tragique : une mort malencontreuse, un suicide, une chasse à l’homme, tout s’emballe jusqu’à une conclusion qui nous réserve une jolie petite surprise…

Et puis il y a comme toujours avec Jack Vance un back ground particulièrement étoffé : la ville d’Uncibal avec ses gigantesques tapis roulants et les vieux immeubles communautaires dont chacun possède son caractère en fonction des habitudes de ses habitants, le Disjerferact, quartier de carnaval et de fête foraine permanente où l’on trouve aussi des « Pavillons de repos » qui vous proposent différentes façons de vous suicider, festive ou cérémonielle, seul ou en compagnie. On notera à ce propos que les corps des suicidés sont recyclés en « graviar » qui constitue la matière première de toute nourriture en Arrabus. Un petit emprunt au « Soleil Vert » de Richard Fleischer ? En revanche les « Terres étranges » où Jantiff trouve refuge, n’ont rien de particulièrement originales. Tout juste font-elles penser à une sorte de Far-West où le peuple des « sorcières » remplaceraient les amérindiens et seraient comme eux victimes d’un génocide qui ne dit pas son nom.

Tout cela fait donc de « Wyst » un volume bien sympathique qui conclut de jolie manière un cycle finalement assez cohérent où l’humour et le drame ne sont jamais bien loin l’un de l’autre.

J'ai Lu - Science-Fiction - 1983

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FLEUVE NOIR
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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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