Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
SF EMOI
6 juin 2021

TAMANOIR - JEAN-LUC A. D'ASCIANO

310QRjmmC-L

Si l’on en croit la postface, « Tamanoir » est né de la volonté de l’auteur d’écrire un « Poulpe » mâtiné de fantastique.

De ce simple point de vue le pari est plutôt réussi. Exception faite du titre en forme de jeu de mot, Jean-Luc A. d’Asciano a parfaitement respecté le cadre narratif et les règles institués  par Jean-Bernard Pouy, il y a près de trente ans. Son héros est une copie sinon physique du moins intellectuelle, du célèbre détective libertaire et ses comparses rappellent les personnages qui gravitent autour de ce dernier. Le récit commence également par les mêmes figures imposées avec la scène du troquet, la lecture du journal et la découverte du fait divers qui va mettre notre privé sur la piste d’une affaire criminelle que la police ne semble pas pressée de résoudre.

Ici, il s’agit du meurtre de deux bénévoles d’une association d’aide aux sans-abris abattus froidement dans le cimetière du Père-Lachaise. Une enquête qui va fort logiquement nous immerger dans le milieu interlope des laissés pour compte de la société, celui des clochards, des roms et des punks à chiens. De soupes populaires en terrains vagues, notre Tamanoir se démène pour retrouver la trace d’Ishmaël, témoin du double crime et, peut-être, véritable cible des tueurs.

Et c’est précisément lorsqu’il met la main sur le bonhomme que le fantastique fait son irruption dans le récit. Il le fait franchement, trop peut-être, au point de prendre l’ascendant sur le côté polar. Pour ma part, j’aurais préféré qu’il soit cantonné à la révélation finale ou qu’il n’apparaisse que par petites touches et non de façon aussi frontale. De plus, je ne trouve pas qu'il apporte une grosse valeur ajoutée à une intrigue qui se suffisait à elle-même. Une intrigue très bien ficelée qui, sur fonds d'arnaque au RSA, nous montre que ce sont encore et toujours les plus faibles qui font les frais du capitalisme sauvage. On appréciera d'ailleurs à ce sujet, le monologue glaçant du grand méchant de l'histoire dont les idées sont sans doute partagées par bien des PDG de multinationales.

L'enquête est menée tambour battant et sans le moindre temps mort. J'aurais aimé que l'auteur ménage quelques pauses dans son récit afin de permettre au lecteur de mieux s’imprégner de l’ambiance générale et faire davantage connaissance avec les lieux et les personnages. D'autant qu’il est également bien chargé par ailleurs. JLAD a de la culture. Les références littéraires (Lovecraft, Herman Melville) et cinématographiques (Autant-Lara…) sont nombreuses. Il écrit bien aussi. D’une écriture enlevée, vive, spirituelle… presque trop. Ca frise parfois l’exercice de style et là encore, le rythme trépidant et l’absence de pause empêchent d’apprécier toutes ses trouvailles à leur juste valeur.

Je  termine donc ce livre en ayant le sentiment d’avoir passé un agréable moment mais avec aussi une impression paradoxale de trop plein (de bons mots, de personnages, d’action) et de survol (les caractères, le cheminement de l’intrigue). Ceci étant, si Jean-Luc A. d'Asciano remet le couvert, je suis partant !

Aux Forges de Vulcain - 2020

Publicité
Publicité
Commentaires

FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

Publicité
SF EMOI
  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
Archives
Publicité