SILO ORIGINES - HUGH HOWEY
En terminant « Silo », le lecteur était fort logiquement amené à se poser deux questions : pourquoi et comment ? Pourquoi un pareil projet fut mis sur pied ? Comment fut-il mené à bien et réussit à perdurer dans le temps ? Ces deux interrogations, « Silo Origines » entend y répondre. Et il y parvient. Du moins partiellement.
Le « comment » occupe l’essentiel du roman. De la genèse du projet jusqu’à sa réalisation, nous suivons toutes les étapes de cette entreprise titanesque. Nous rencontrons les décideurs et les petites mains et découvrons les circonstances qui les poussèrent dans cette voie. Mais le récit ne se limite pas, loin s’en faut, à la construction des silos. Il ne s’agit là que d’une étape, essentielle, incontournable, mais pas fondamentale. Le silo n’est qu’un moyen de sauvegarder une portion d’humanité. Ce que cet opus nous montre, c’est l’incroyable organisation mise sur pied pour pérenniser la survie de générations d’hommes et de femmes cloitrés dans un espace restreint.
La vie dans les silos a en effet été pensée dans ses moindres détails. Le récit se concentre donc fort logiquement sur le silo numéro 1, centre névralgique du projet et véritable tour de contrôle. C’est Donald, le concepteur des silos, qui nous sert de guide tout au long des 300 années qui vont s’écouler sous nos yeux. Enfin presque, puisque les quelques milliers d’hommes chargé du contrôle et de la maintenance effectuent des vacations de 6 mois avant d’être cryogénisés pour une cinquantaine d’années. Comme les différentes factions de Donald, malgré les révélations et surprises que chacune apporte au lecteur, seraient à la longue assez lassantes, l’auteur a eu la bonne idée de les faire alterner avec des séquences de la vie dans les autres silos.
Or, ce sont précisément ces passages où l’on côtoie le petit peuple des silos qui m’ont le plus séduit. Je pense notamment aux chapitres consacrés à Mission, le jeune porteur du silo 18 qui, à peine sortie du nid douillet de son école, se trouve mêlé à un dangereux complot. Je pense aussi à ceux où l’on suit Jimmy, un ado qui tente de survivre à la révolte du silo 17 et qui doit faire face à la férocité de ses congénères puis à une incommensurable solitude. Je préfère nettement ces passages plus intimes aux grands évènements du silo 1, la petite histoire à la grande. L’humain, les sentiments y sont bien mieux traités, à hauteur d’individu. On est loin des problèmes de conscience de Donald, de sa nostalgie d’un monde révolu, de ses souvenirs de couple et de sa quête, finalement assez secondaire, de la vérité.
Voilà donc pour le « comment ». Quant au « pourquoi », il faudra se contenter d’une réponse moins complète et pour tout dire, moins définitive. Certes, on sait désormais ce qui déclenchât le projet et comment les évènements furent précipités mais, plus on avance dans le récit et plus les motifs deviennent opaques. On devine que bien des voiles restent à lever et que de nombreuses surprises nous attendent encore… et pas que des plus plaisantes.
Finalement, plus qu’une préquelle, ce roman sert de passerelle entre le premier volume de la saga et le troisième qui s’annonce. Une sorte de main tendue par-delà les siècles pour permettre l’improbable rencontre entre Donald et Juliette, les héros des deux premiers opus.
Livre de Poche SF - 2016