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29 novembre 2020

LES 500 MILLIONS DE LA BEGUM - JULES VERNE

ldp2032-1976

Deux scientifiques, un français et un allemand, héritent de la fortune d’un parent éloigné. Le premier décide d’utiliser sa part pour construire en Orégon une ville moderne qui servirait de laboratoire aux théories les plus récentes en matière d’urbanisme et de santé publique. Le second, nationaliste forcené et viscéralement anti-français, s’empresse lui aussi de construire une cité à proximité de la première dans le but évident de faire échec au projet de son concurrent. 

Bien qu’écrit en 1879 soit près de huit ans après la guerre franco-prussienne, ce vingtième volume des voyages extraordinaires est encore très imprégné par ce conflit qui vit la France perdre l’Alsace et une partie de la Lorraine au profit de son voisin d’outre Rhin. L’antagonisme entre les deux pays est en effet au cœur d’un récit qui prend un peu des allures de revanche du coq gaulois contre l’aigle germanique. Certes la confrontation a été transportée bien loin de la vieille Europe et ce ne sont pas les états qui s’affrontent directement. Mais la rivalité entre le Dr Sarrasin et le Dr Schultze, entre France-Ville et Stahlstadt est bel et bien l’occasion d’une revanche tricolore.

Bien entendu l’auteur s’est rangé dans le camp de ses compatriotes et le rôle du méchant de service est fort logiquement échu à l’infâme teuton. Et pour le coup, l’ami Jules n’y va pas avec le dos de la cuiller. Le pauvre Schultze est affublé de tous les défauts. C’est un homme avare, violent, sans scrupules et même un tantinet raciste puisqu’il ne cesse de clamer haut et fort la supériorité des saxons sur les latins en insistant tout particulièrement sur la dégénérescence héréditaire des français. Il lui attribue aussi les tares et les petits travers, réels ou  supposés, de ses congénères, buveurs de bière invétérés, mangeurs de choucroute assoiffés de guerre et animés d’un insatiable esprit de domination.

Les personnages français sont en revanche parés de toutes les qualités. Le Dr Sarrasin est une belle âme, un esprit éclairé et désintéressé qui ne souhaite rien tant que travailler au bonheur de l’humanité. Quant à Marcel Bruckmann, le véritable héros de cette l’histoire, c’est un garçon honnête et travailleur qui n’hésitera pas à risquer sa vie pour faire échec aux sombres visées de leur ennemi germanique. Alsacien de naissance, il trouvera également là l’occasion de venger l’affront subi lors de l’annexion de sa jolie province par les affreux casques à pointe !

Le clivage est tout aussi marqué en ce qui concerne les deux cités états construites grâce aux fameux millions de la Bégum. France-Ville est une cité radieuse pensée et construite pour le bien de ses habitants. La santé et l’hygiène sont au cœur du projet du Dr Sarrasin et l’urbanisme tient compte des dernières avancées en la manière : habitat aéré, évacuation des fumées par des canalisations souterraines, eau courante…

Stahlstadt ressemble davantage à une immense usine entièrement tournée vers l’industrie militaire. Sectorisée, ultra-sécurisée, construite au-dessus de mines de charbons, c’est aussi une forteresse imprenable soumise à la volonté d’un seul homme. Une monstruosité de charbon et d’acier à peine égayée par une jungle luxuriante qui prospère grâce à la chaleur émanant des usines sidérurgiques qui l’entourent.

La découverte de ces deux villes constitue indiscutablement le principal intérêt du roman. Mais, si la visite de France-Ville est assez rapide et se fait à la manière d’un guide touristique, l’exploration de sa rivale est beaucoup plus poussée. Elle se fera de l’intérieur grâce aux investigations de Marcel Bruckmann qui, tel un véritable espion, va infiltrer la « citadelle », la visiter du sol au plafond, des mines aux bureaux d’études, jusqu’à accéder aux premiers cercles du pouvoir. Espionnage, guerre, armement préfigurant le premier conflit mondial (Grosse Bertha et armes chimiques), « Les 500 millions de la Bégum » est un roman influencé de bout en bout par la guerre, passée et future.

Le Livre de Poche - Jules Verne - 1976

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Commentaires
T
Voilà un roman qui perdrait tout son sel de nos jours!<br /> <br /> Bah oui, avec les prélèvements et virements automatiques, la "machine" pourrait largement survivre à son despote... <br /> <br /> Et peut-être que, s'il vivait aujourd'hui, Jules Verne aurait encore tiré sa ville française vers l'"économie sociale et solidaire", qui sait?
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P
J'ai adoré ce bouquin que je ne connaissais que de nom ...<br /> <br /> Bonne fin de semaine jeune homme . :) ;)
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FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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