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SF EMOI
10 juin 2020

LES TRANSFORMES - JOHN WYNDHAM

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Des millénaires après un conflit nucléaire, la planète continue de subir les conséquences de la folie des hommes. Les continents demeurent largement inhabitables et l’humanité a régressé à un stade préindustriel. Au Labrador, un semblant de retour à la normale s’est amorcé. Quelques communautés paysannes se développent sur les terres les moins irradiées, éliminant impitoyablement les plantes et les animaux qui ont subis des mutations génétiques. Quant aux hommes et aux femmes « impures », ils sont exilés dans les Franges, ces territoires sauvages où la faune et la flore se sont développés de façon anarchique. Dans la petite ville de Waknuk, le jeune David Strorm comprend très vite qu’il doit cacher à tout le monde, et en particulier à son père, le don qui lui permet de communiquer par la pensée avec d’autres enfants de la région… 

John Wyndham est l’un des auteurs de SF britannique que je préfère. « Le jour des triffides » fait partie de mes post-apo favoris et ses histoires d’invasions extra-terrestres sournoises et insidieuses (Les coucous de Midwich, Le péril vient de la mer), sont excellentes. Et pour couronner le tout, il possède un style agréable et extrêmement fluide, très plaisant à lire. C’est donc sans véritable surprise que j’ai été une fois de plus séduit par ce nouveau roman dont on ne peut pourtant pas dire que l’originalité soit la qualité première. Il faut dire que lors de sa parution, les histoires de mutants n’avaient plus rien de très nouveau. Van Vogt, Sturgeon et quelques autres étaient déjà passés par là et ce type de récits était déjà bien ancré dans la culture SF.

De la même manière, le cadre du récit n’a rien de particulièrement innovant. On peut même dire que Wyndham n’est pas allé le chercher bien loin puisqu’il ressemble presque trait pour trait à l’Amérique des XVIIème et XVIIIème siècles. Nous sommes en effet plongés dans une communauté agricole comme il en existait beaucoup dans les colonies américaines d’alors, une petite bourgade où quelques dizaines de familles de fermiers et d’éleveurs tentent de tirer leur maigre pitance d’une terre ingrate. Remplacez les insurgés des Franges par les amérindiens, les fanatiques de la race pure par les puritains anglicans et la traque des mutants par la chasse aux sorcières et c’est bel et bien l’Amérique de Nathaniel Hawthorne et de Salem qui reprend vie.

Dans ces conditions, tout  le talent de Wyndham va consister à nous immerger dans cet univers et nous faire éprouver les sentiments de peur et de révolte de ses jeunes héros. Il va le faire en prenant tout son temps qui sera aussi celui de leur apprentissage. Lorsque l’histoire débute, David Strorm n’a que dix ans. Il en aura six de plus à la fin du récit. Six années pendant lesquelles il va être amené à comprendre la nature profondément sectaire et injuste de la communauté où il vit. L’extrême rigueur de la société labradorienne nous est donc dévoilée progressivement. Petit à petit, ceux que l’on considérait de prime abord comme de simples bigots arriérés montrent leur vrai visage, celui de fanatiques qui ne se contentent pas de brûler les récoltes génétiquement impures ou d’exiler les mutants, mais qui peuvent aussi torturer et tuer. La montée en puissance est parfaitement maîtrisée. Présente dès les premières pages, la menace qui pèse sur David et ses compagnons se fait de plus en plus précise. Ils doivent développer des trésors de prudence pour échapper aux inspecteurs de la foi et le plus gros du roman est consacré à cet effort constant qu’il doive faire pour dissimuler leur état, rester unis et préparer leur avenir.

Cette lutte d’un groupe d’enfants face à la communauté des adultes est à comparer à celle qui oppose la trentaine de « coucous » aux villageois de Midwich. Dans ce roman les enfants nés de « visiteurs » extra-terrestres sont clairement présentés comme une menace pour l’espèce humaine en raison de leurs capacités supérieure et notamment de leur don de télépathie. Un don que possèdent aussi les petits mutants des « Transformés » sauf qu’ici, ce talent particulier est présenté comme un atout, une évolution bénéfique de l’humanité. Bref, selon le point de vue où l’on se place, la menace n’est pas perçue de la même manière et les victimes changent de camp !

Fleuve Noir Anticipation - 1955

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Commentaires
P
Je préfère le FNA ... tu sais ...
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P
Hello , je le trouverais peut - être un jour .. :)
Répondre
N
Un bouquin bien mené, mais qui ne vaut pas le Jour des Triffides !
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T
Ça te surprend si je te dis que je le lirai ?
Répondre

FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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