Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
SF EMOI
20 mai 2020

LES ENFANTS DE NOE - JEAN JOUBERT

ecoleloisirs05112-1996

Un jour de février 2006 la neige se met à tomber sans discontinuer jusqu’à former, au bout de plusieurs jours, une couche de près de sept mètres d’épaisseur. Commence alors pour la famille du jeune Simon prisonnière de son chalet Alpin, une longue période d’isolement au cours de laquelle chacun de ses membres devra surmonter ses peurs et les multiples dangers d’un hiver qui n’en finit plus. 

J’ai déjà eu l’occasion de lire trois romans post-apocalyptiques écrits pour la jeunesse et, exception faite du très particulier « Nuage vert », les deux autres (« Le deuxième matin du monde » de Manuel de Pedrolo et « La dernière aube » de  Paul Berna) m’avaient agréablement surpris par le sérieux de leur propos et le fait qu’ils n’édulcoraient en rien le dramatique de la situation. La cruauté et la violence inhérents à ce type de récits étaient bel et bien présents même si les images les plus choquantes en étaient bien sûr exclues ou juste suggérées. Mon opinion est en revanche un peu plus réservée au sujet de ce roman de Jean Joubert.

Le fait qu’il s’agisse d’un quasi huis-clos participe sans doute beaucoup de cette impression. Les éléments naturels empêchant tous déplacements, les dangers véhiculés par les humains sont totalement absents de l’histoire. Ici, pas de pillards ni de fanatiques religieux, pas de tensions communautaires ou de réactions égoïstes. L’action se concentre exclusivement sur les quatre membres d’une même famille et se borne à nous décrire leurs réactions face à un phénomène extraordinaire et dangereux.

L’odyssée immobile de cette famille est envisagée sous le double aspect matériel et psychologique. Une bonne part du récit est donc consacrée à la vie quotidienne de nos quatre héros dans leur cocon de glace. Nous les verrons lutter contre le froid, la faim et les loups, s’adapter aux circonstances et apprendre à vivre sans électricité et sans les objets de la vie moderne. Ils devront aussi retrouver les gestes ancestraux (nourrir les bêtes, traire la vache, tuer les poules.. .) et apprendre à se servir des outils de nos grands-parents (le moulin à café, les lampes à huile). C’est sans doute là le côté le plus « enfantin » du roman avec de nombreux passages consacrés aux animaux de la ferme ou aux découvertes que le jeune Simon et sa sœur font dans les combles du vieux chalet.

Les conséquences de cet enfermement sur leur santé mentale sont autrement plus intéressantes. Sans contact avec l’extérieur, dans l’ignorance du reste du monde et prisonniers d’un avenir incertain, il est bien difficile de garder l’espoir. Et c’est là que le personnage du père de famille prend une dimension particulière. D’un bout à l’autre de l’aventure, c’est lui qui va se charger d’entretenir la flamme, se battant sur tous les fronts, improvisant sans cesse et resserrant les liens familiaux en partageant notamment avec les siens son goût de la lecture et de l’apprentissage.

Le roman, raconté par son fils, est d’ailleurs une sorte d’hommage rendu à cette figure paternelle. Une figure qui prend malheureusement sur la fin des allures de patriarche biblique. L’idée que la catastrophe est l’expression d’un châtiment divin, le rejet de la vie citadine, le retour aux choses essentielles, (travail manuel, veillées en famille…) bref tout ce côté « c’était mieux avant » m’ont un peu gênés aux entournures. Heureusement, cet aspect n’est pas trop prégnant. On laissera donc à l’auteur le bénéfice du doute et on se contentera de saluer son style sobre et efficace qui permet de s’immerger facilement dans cette histoire de dépassement de soi et de cheminement intérieur.

L'Ecole des Loisirs - Medium - 1992

Publicité
Publicité
Commentaires
P
J'ai bien aimé ce bouquin ... Bonne semaine l'ami ...
Répondre

FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

Publicité
SF EMOI
  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Newsletter
Archives
Publicité