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2 décembre 2018

FUGHT CLUB - CHUCK PALAHNIUK

foliosf095

La première règle du fight club c‘est qu’il est interdit de parler de fight club

La deuxième règle du fight club c‘est qu’il est interdit de parler de fight club

Deux mecs par combat, pas plus

Un combat à la fois

On combat sans chemise ni chaussures

Les combats durent aussi longtemps qu’il faut

Si c’est votre première soirée au fight club, vous devez vous battre 

C’est donc sans vergogne que je viole les deux premières règles du Fight Club pour vous parler de cet excellent roman de Chuck Palahniuk rendu célèbre par le film qu’en a tiré David Fincher à la toute fin des années 90. Un film lui-même tellement bon (Edouard Norton y est fantastique et le beau Brad pas mauvais non plus) que j’ai craint un moment que ma lecture ne soit phagocytée par les souvenirs qui m’en restait. Mais non. Le roman reste supérieur à son adaptation, plus complet, plus déconcertant, plus radical. Alors que le film était imprégné d’un humour certes déjanté mais néanmoins bien présent, le livre en est presque totalement dépourvu. Le ton est bien ironique, mais la tension qui imprègne le récit, son atmosphère de cocotte-minute prête à exploser, nous ôte l’envie d’esquisser plus qu’un sourire.

C’est que le sujet dont traite l’auteur est sérieux. Ses personnages ne sont pas seulement des trentenaires émasculés par une société castratrice, qui souhaitent retrouver leur virilité malmenée en se foutant sur la gueule. Non, le mal est beaucoup plus profond et sa cause tout autre. Ce responsable, Chuck Palahniuk le désigne sans la moindre ambigüité : c’est cette putain de société de consommation qui nous prend dans ses rets à grand coup de soldes et de promotions puis nous tient par les couilles grâce aux emprunts souscrits pour s’acheter un bel appart que l’on s’empresse de meubler avec des meubles scandinaves. Il ne s’agit pas d’un simple malaise mais d’une maladie incurable.

C’est en tout cas le diagnostic que pose Tyler, le héros de Palahniuk. Et le remède qu’il propose c’est de trancher dans le vif. Mais avant d’en arriver là, avant de faire ce constat sans appel, il passe par différents paliers. Des phases qui sont, là encore, nettement plus visibles dans le roman. On le voit ainsi commencer par pisser dans la soupe des clients du resto dans lequel il travaille, pousser une bourgeoise à la crise de nerf et faire du chantage à son employeur. On est encore très loin du projet Chaos (le lecteur en découvrira la nature en temps utile) et bien des choses se passeront encore avant qu’il ne franchisse son Rubicon à commencer bien sûr par la création des fight-clubs et par l’évolution de ses rapports avec sa copine Marla. Tout cela permet de mieux appréhender la montée en puissance de sa psychose et l’émergence de son dédoublement de personnalité. Une schizophrénie parfaitement restituée grâce notamment à la construction particulière du récit qui fait des allers-retours incessants entre passé et présent et un style saccadé qui lui apporte un ton obsessionnel parfaitement raccord.

Par bien des aspects, ce roman fait écho à d’autres parus à la même époque. Je pense bien sûr à « American Psycho » de Bret Easton Ellis qui nous montrait un yuppie new-yorkais qui ne parvenait à tenir sa place en société qu’en se défoulant à l’occasion d’effroyables crises d’ultra violence. Mais c’est surtout de « La plage » d’Alex Garland, sorti la même année, que « Fight Club » se rapproche le plus. Certes, l’atmosphère et l’histoire n’ont que peu en commun. Pourtant, ce qui guide les deux héros et les pousse à aller au bout de leur trip, c’est un même rejet de la société et une même volonté de vivre quelque chose de différent. S’ils se mettent en danger, c’est pour se sentir tout à fait vivant et, ainsi que le conclu Richard de retour de Thaïlande ou comme le dit Tyler à deux reprises, en retirer des cicatrices, c’est-à-dire conserver les traces patentes et indélébiles de leurs actes, la preuve de n’avoir pas vécu en vain.

Gallimard - Folio SF - 2011

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Commentaires
T
J'en garde un grand souvenir de lecture. Très bon livre, romanesque, intelligent et subversif. Mais là où je ne te rejoins pas, c'est quand tu dis que le roman reste supérieur à son adaptation ciné. Je pense au contraire que si généralement les romans restent meilleurs que leurs adaptations, celle-ci fait exception à la règle.
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FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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