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25 janvier 2016

RAX - MICHAEL CONEY

amsf29

Comme chaque année, Pastour et ses parents vont passer leurs vacances d'été à Pallahaxi, une petite ville portuaire du sud. Mais cette fois les circonstances sont particulières puisque leur pays vient d'entrer en guerre avec la puissance voisine, imposant à son peuple des restrictions d'autant plus mal vécues que la caste dirigeante y échappe. Fonctionnaire au service du Régent, le père de Pastour fait justement partie de ces privilégiés. Cela n'empêche pas l'adolescent de préférer la compagnie des humbles et particulièrement celle de Prunelles d'Or, une jeune fille rencontrée l'an passé à laquelle il brûle de déclarer sa flamme. Alors que la guerre se rapproche inexorablement et que la révolte gronde parmi le peuple, le soleil Rax fait planer sur leur avenir une menace autrement plus grave.

La SF de Michael Coney est décidément très discrète. Je m'étais déjà fait cette réflexion en lisant ces deux petits bijoux que sont "Syzygie" et "Brontomek" où, mis à part une faune et une flore particulière et deux ou trois détails technologiques, l'on pouvait se croire dans n'importe quelle petite ville de notre bonne vieille Terre.

Il en va ainsi de "Rax" qui nous donne la même impression d'intemporalité et le sentiment de connaître les lieux et les personnages dont il est question. Mais ce n'est pas le seul point commun entre ces trois romans qui partagent aussi un même cadre (une cité portuaire), une même atmosphère (la méfiance et la rébellion d'une petite communauté contre le pouvoir central) ainsi qu'une menace d'ordre astronomique. Qu'on se rassure cependant, la comparaison s'arrête là. L'intrigue de « Rax » est totalement différente et le roman se distingue aussi par son côté steampunk  (véhicules à vapeur et fusils à ressort) et par la personnalité de son narrateur.

Le récit nous est en effet conté par un jeune homme de 16/17 ans décidé à profiter de ses vacances en bord de mer pour échapper un peu à l'autorité parentale. Cela donne à l'histoire des allures de livre pour ados et même un petit côté "Club des cinq" puisque Pastour et ses amis, gagnés par l'ambiance belliqueuse, explorent égouts et épaves à la recherche de contrebandiers ou d'espions. Le récit baigne dans une ambiance ludique et estivale ; nous sommes témoins de leurs premiers émois amoureux, de la rivalité entre les garçons et, bien sûr, des inévitables conflits avec leurs parents.

Mais cette légèreté n'est qu'apparence. Michael Coney nous a jeté de la poudre aux yeux. Il a détourné notre attention des évènements dramatiques qui se préparaient et lorsqu'on s'en aperçoit, il est déjà bien trop tard. Comme ses jeunes héros occupés à leurs amours ou comme les habitants de Pallahaxi qui cherchent désespérément un moyen de se protéger de la flotte ennemie, nous n'avons pas vu arriver le coup. Nous avons été trop naïfs. Or, « Rax » est précisément un roman sur la perte de l'innocence. Il nous montre toute la différence qu'il y a entre l'univers acidulé de l'enfance et la réalité parfois cruelle des adultes. Il dévoile surtout le fossé qui existe entre la simplicité des gens du commun et la duplicité des puissants, l'égoïsme des nantis.

Alors vous l'aurez compris, Michael Coney m'a une nouvelle fois séduit avec cette histoire toute simple et dramatiquement belle qu'il conclue d'ailleurs de façon magistrale avec une chute à double détente. Et puis, n'en déplaise aux cyniques, « Rax » est aussi une bien jolie histoire d'amour et Pastour et Prunelles d'Or méritent assurément d'entrer au panthéon des amoureux maudits de la littérature.

Albin Michel - Super Fiction - 1977

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Commentaires
L
En effet tu trouveras quelque part sur ce blog une chronique de ces deux excellents bouquins ainsi que du plus dispensable "Les enfants de l'hiver". Tu trouveras surtout celle de "Sygizie" qui se déroule dans le même décor que "Les brontosaures ..." est qui est tout aussi génial.<br /> <br /> Pour le reste tu as parfaitement raison, discrétion et enchantement sont les bons termes pour qualifier la SF de monsieur Coney.
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F
C'est vrai, ami Lekignino, Michael Coney a discrètement enchanté nos jeunes années ; j'ai encore quelques décimètres de Super-Fiction et je pense que celui-ci y est encore ; j'avais cependant plus apprécié les "Brontosaures mécaniques" de cézigue, et surtout "Immortels en conserve", mais, te connaissant, je pense que tu as déjà dû commenter cela depuis longtemps... me gouré-je ?<br /> <br /> Ok, ok, je fais péter la recherche...<br /> <br /> Bien à toi.<br /> <br /> Sergio
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FLEUVE NOIR
fl no
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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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