TOUT A LA MAIN - JEAN-PIERRE ANDREVON
Un écrivain de science-fiction connu, qui habite seul avec son chat dans une maison campagnarde isolée sur le flanc d'une colline, a survécu à une catastrophe imprécise qui a transformé la vallée à ses pieds en un infranchissable fleuve de boue brûlante. L'écrivain imagine qu'il est l'unique survivant du cataclysme, et peut-être l'est-il. Mais il tente de mener une vie normale. Sa principale préoccupation, néanmoins, est de passer en revue toutes les femmes qu'il a connues dans sa vie. Il en conçoit des fantasmes qui se traduisent par force masturbations. Le corps du récit sera constitué de divers portraits de femmes et de menus incidents quotidiens, montés en parallèle. Un autre fantasme de l'écrivain est de pouvoir enfin écrire un grand roman qui-ne-serait-pas-de-la-SF. Va-t-il y parvenir ?
Une fois n'est pas coutume le résumé ci-dessus n'est pas de moi. Il ne s'agit pas non plus de la quatrième de couverture que j'évite toujours de reproduire en raison du caractère évidemment commercial de la chose. Non, cette fois, c'est tout simplement l'un des chapitres du roman qui en expose si bien le contenu qu'il eut été ridicule de s'en priver.
Jean-Pierre Andrevon est LE spécialiste français du post-apo dont il a écrit un grand nombre et signé quelques uns des meilleurs. Pourtant, Tout à la main n'appartient pas franchement au genre. Ou alors de façon incidente, en tant qu'élément déclencheur des confessions du narrateur. Quelques chapitres au début, quelques autres à la fin nous mettent dans l'ambiance. Guère plus.
Pour l'essentiel, le livre est donc un recueil de mémoires imaginaires. Mais par n'importe lesquelles. Celle d'un bonhomme qui se nomme Jean-Pierre Andrevon, qui est écrivain de SF et assez porté sur la gaudriole. Bref un personnage qui ressemble comme un frère à son créateur. Alors, même fantasmées, ces mémoires nous permettent d'en savoir un peu plus sur l'auteur.
Grâce à elles, on pénètre son univers et on se fait une petite idée de sa personnalité au travers de ses relations avec la gent féminine. On découvre un individu assez attachant, plutôt éternel amoureux que Casanova cynique, mais néanmoins amateur de gros seins et de touffes bien fournies. Un monsieur truculent qui aime aussi les chats, la nature et sa tranquillité.
On trouve également quantité d'autres choses dans ce livre patchwork : des chansons, des bribes de romans, des bouts d'articles. Bref, un fourre-tout bien sympathique qui parle aussi bien de musique que de cinéma, d'écriture que d'écologie. Un Objet Littéraire Non Identifié comme il est de bon ton de dire aujourd'hui. Un roman sur le dernier homme qui n'a vraiment pas grand chose à voir avec ceux de Mary Shelley ou de Margaret Atwood.
Carrere / Kian - 1988