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11 août 2019

L'HEURE - WALTER LEWINO

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« L’heure » est un post-apo qui reflète bien l’angoisse de la bombe qui pesa sur le monde pendant les quatre décennies qui suivirent la fin de la seconde guerre mondiale. Walter Lewino part du postulat que la menace s’est réalisée. La bombe est tombée sur Paris et sur la France, provoquant la mort de la plus grande partie de la population mais sans provoquer le moindre dégât dans les infrastructures. Bombe à neutrons, gaz mortels, nul ne sait et les rares survivants ne peuvent qu’émettre des hypothèses. Le récit se concentre sur les premiers jours qui suivent la catastrophe. L’espace d’une semaine nous suivons la trajectoire de quelques-uns de ces rescapés et plus particulièrement celle du narrateur et d’Agnès, une jeune femme qu’il rencontre dans les premières heures de ce grand bouleversement. 

Le moment n’est pas encore à la reconstruction ou aux projets d’avenir, à l’utopie des uns ou aux appétits des autres. Il n’est donc pas question de sauveurs autoproclamés ni de despotes tentant d’imposer leur loi par la force des armes. C’est à peine si l’on commence à s’organiser et, si des groupes se forment, c’est plus par besoin de chaleur humaine que dans un véritable but. L’heure est à l’égoïsme et à l’anarchie, « quelque chose entre la colonie de vacances et la débâcle de 1940 ». C’est un joyeux capharnaüm où chacun est désormais libre d’agir à sa guise. Il y a bien, ici ou là, quelques actes désintéressés (déblayage des cadavres, soins aux malades) mais on en profite surtout pour faire ce dont on a toujours rêvé : emménager dans l’hôtel de Cluny, se servir dans les vitrines des magasins, s’habiller de neuf...

On ne sent pas non plus beaucoup d’empathie de la part des survivants. Est-ce parce qu’ils ont du mal à croire à une apocalypse qui n’a rien détruit, eux qui ont connus les bombardements de la seconde guerre mondiale et leur cortège de destructions et d’horreurs ? Est-ce parce que la catastrophe est trop vaste, le drame si important qu’il n’est plus mesurable et, partant, pas assimilable ? En tout cas, les héros de Lewino ne paraissent pas particulièrement émus. Les morts anonymes, les montagnes de cadavres leur sont presque indifférents et il faudra un drame personnel pour que le narrateur prenne véritablement conscience de la situation et des changements irréversibles qu’elle induit.

« L’heure » est un roman surprenant qui suscite des images assez spectaculaires, le plus souvent drôles mais parfois aussi, dérangeantes. Il nous invite également à nous interroger sur notre rapport à une société qui n’envisage le bonheur que sous l’angle matériel. En plaçant ses personnages dans la situation de tout posséder, il les met au défi de trouver la satisfaction et la joie dans un monde qui n’a plus ni règles ni repères.

Eric Losfeld - 1968

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Commentaires
T
Là, je signe direct !
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L
Je recherche des avis dessus.
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L
Salut,<br /> <br /> As-tu lu "Notre-Dame des ordinateurs" du même auteur ? :)
Répondre
P
Salut l'ami ..Bien tentant ....
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FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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