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28 novembre 2014

LA VIE EST DEGUEULASSE - LEO MALET

9782266201995

Jean Fraiger n'a pas eu une vie facile. Orphelin à quatre ans, ouvrier à quinze, il n'a connu que la misère des sales besognes et des boulots sous payés. De malchance en mauvaises rencontres il est passé du mauvais côté et se livre désormais au vol à main armé pour le compte d'anarchistes partisans de l'action directe. Seule oasis de pureté dans cet océan de merde : Gloria la superbe rousse qu'il courtise sans imaginer pouvoir un jour la séduire... 

Si Léo malet a consacré la majeure partie de son oeuvre aux enquêtes "capitales" de Nestor Burma, il n'en a pas moins écrit quelques romans avec des personnages bien différents du sympathique détective. La vie est dégueulasse est de ceux-là. Récit à la première personne centré sur la personnalité d'un assassin, il nous dévoile une face extrèmement sombre du Paris de l'après-guerre. Celui des anars et des truands, des prolétaires et des manifs réprimées dans le sang, des gamines paumées qui finissent en maison de correction ou sur le trottoir avec, comme seul horizon, une existence de merde.

Oui, la vie est dégueulasse. Son narrateur de héros ne cesse de le répéter. Mais lui-même l'est tout autant : « La vie était dégueulasse et je l'avais dégueulassée davantage. ». Une confession qui m'en rappelle une autre, celle de Jean-Paul Belmondo dans un film de Louis Malle : « Je suis un voleur ! Je fais un sale métier, mais j'ai une excuse... je le fais salement. »

C'est un individu qui n'a pas de passion, pas d'idéal, tout juste mené par son amour pour une femme, une seule, qu'il idéalise. C'est un inadapté. Un homme qui n'est pas parvenu à trouver sa place dans la société ni auprès de la gent féminine et qui, à cause de cela, veut les détruire... et se détruire par la même occasion : « Je n'avais réalisé que plus tard quel misérable naufragé j'étais. Je ne savais pas me conduire dans la vie. J'étais un nihiliste. Je ne savais m'exprimer que par le truchement des aboiements de plomb de camarade Browning. Je me frayais un chemin sanglant vers Gloria, éliminant les obstacles et en suscitant d'autres, par le fait même. Et le plus redoutable obstacle, je le portais en mon âme. » Alors il tue. N'importe qui. Avec ou sans raison. Les banquiers, les convoyeurs de fonds et les flics bien sûr. Mais aussi plein d'autres, au gré des circonstances : le mari de la femme qu'il convoite, un complice qui lui déplait, une prostituée... tous ceux qui ont la malchance de croiser sa route. Une espèce de tueur fou. Un Bonnot à la petite semaine, un Clyde sans sa Bonnie.

La vie est dégueulasse est donc un roman extrêmement noir, Noir et sang, pour paraphraser l'auteur. Son style est nerveux, âpre, avec un vocabulaire qui va droit au but, qu'il soit question de sexe ou de mort. Un langage un peu surprenant pour un roman écrit en 1947 : « J'apprêtai mon arme pour le coup de grâce et lui tirai deux balles dans le bas ventre. Des réflexes mécaniques lui firent exécuter un saut de carpe qui le retourna et il eut quelques soubresauts comme s'il besognait le tapis. Seulement, il éjaculait du sang. »

Ce roman est le premier de la Trilogie noire. Je vais de ce pas me procurer les deux autres.

Pocket - 2010

 

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Commentaires
L
Délinquant va !!!
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F
Au fait j'ai trouvé les trois en un volume dans une édition numérique. Hop, piraté ! :D
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L
Oui, j'avais lu sa chronique.<br /> <br /> Quant aux deux autres volumes, ils faudra que je trouve le temps de les lire. Ils m'attendent bien sagement sur leur étagère.
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Z
Ce cher Léo est un de mes auteurs favoris. Je possède la trilogie parue en un seul volume chez Fleuve Noir. Ce bouquin a été chroniqué par mon confrère Léonox :<br /> <br /> http://gorezaroff.over-blog.com/2014/05/trilogie-noire-leo-malet.html
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F
Trop tentant. Me l'faut ! (Puf) :(
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FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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