LA FÊTE DE LA VICIEUSE - PHILIPPE BATTAGLIA
Les habitués de la collection Gore des Alpes trouveront au roman de Philippe Battaglia quelques ressemblances avec ceux de Stéphanie Glassey et de Jordi Gabioud. Comme dans "L'éventreuse", on y parle en effet de maternité et de sorcellerie tandis que les conflits entre les habitants d'un minuscule village du Valais rappellent l'atmosphère de "Tantine Chevrotine". Deux sujets qui se disputent à part presque égales la première partie du récit. D'une part, l'histoire du couple Pittet et de leurs pratiques démoniaques qui aboutissent à la conception d'un monstre. De l'autre la description du village d'En L'haut La Pointe et sa galerie de portraits pas piqués des vers. D'un côté, le drame et l'horreur, de l'autre l'humour vachard.
Une fois le décor planté et les personnages présentés, il n'y a plus qu'à laisser parler les bas instincts des uns et des autres. On commence donc par s'amuser des rancunes entre villageois et des mauvais tours qu'ils se jouent. Et il y a beaucoup à dire avec un maire véreux qui ne supporte plus ses administrés, un curé libidineux, des amatrices de fleurs qui se tirent la bourre, un agriculteur vindicatif et même des mafieux russes. Puis c'est l'irruption de l'horreur avec l'arrivée d'une palanquée de gnomes cruels et vicieux qui s'attaquent à tout ce qui bouge. S'en suivra une mêlée furieuse où monstres et villageois s'affrontent avec férocité, griffes et crocs contre fourches et fusils.
Philippe Battaglia clôt son histoire sur une apocalypse liquide du plus bel effet qui rappelle beaucoup celle de "La robe de béton". C'est chouette, sans doute aussi pratique pour mettre un point tout à fait final à son roman, mais faudrait pas que ça devienne une habitude !
Gore des Alpes - 2020