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SF EMOI

12 mai 2024

PROJET "KING" - JIMMY GUIEU

Jimmy Guieu a écrit ce roman en 1963, c'est à dire en pleine guerre froide, quand occidentaux et soviétiques se tiraient la bourre dans à peu près tous les domaines et notamment celui de la conquête spatiale. Il n'a donc pas été chercher très loin cette histoire de rivalité russo-américaine sur fond de course à la planète Mars.

 

Après une entrée en matière qui a toutes les apparences d'un roman d'espionnage, l'histoire se déporte sur la planète rouge où un équipage d'astronautes américains va se trouver confronté aux manigances de leurs homologues russes. Pas de doute, Jimmy Guieu a choisi son camp. D'un côté de braves GIs et de sympathiques scientifiques explorant la faune et la flore martienne dans le respect du droit international, de l'autre d'infâmes soviétiques prêts à toutes les bassesses pour faire triompher le marteau et la faucille.

 

Le récit est rondement mené. Après un voyage sans anicroches, quelques explorations des célèbres canaux de Mars et une ou deux altercations plus ou moins musclées entre les deux expéditions, c'est déjà la fin. Une fin plutôt bien amenée avec une chute à double détente que je n'avais pas vu venir et qui renvoie dos à dos les militaires des deux camps.

 

Fleuve Noir Anticipation - 1963

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5 mai 2024

KAIRO - KIYOSHI KUROSAWA

Oulà ! J’ai eu bien du mal à venir à bout de ce court roman de Kiyoshi Kurosawa. Pourtant, l’idée d’une invasion de fantômes venus reprendre leur place sur Terre au détriment des vivants n’était pas mauvaise, tout comme le choix de l’ordinateur et d’internet comme vecteurs entre le monde des vivants et celui des morts. Les personnages, pour la plupart de jeunes adultes, ne sont pas non plus en cause même si certaines de leurs réactions m’ont parfois semblé étranges ou surfaites. 

 

Ce qui m’a vraiment gêné avec ce roman c’est son style. Bien sûr il faut faire la part de l’influence de la traduction sur l’œuvre originale mais, sauf à considérer que la traductrice débute dans le métier, il m'a semblé que l’écriture de l'auteur manquait de rigueur. Quant aux dialogues, ils sonnent particulièrement faux et frisent même parfois le ridicule.

 

Heureusement, l’atmosphère générale du roman est de meilleure qualité. L'auteur maîtrise très bien la montée du mystère et l'installation de la peur dans le quotidien de ses personnages. Ses descriptions finales de Tokyo à peu près vidée de ses habitants composent quelques images saisissantes et ajoutent également à cette ambiance triste et morbide. Aussi, sachant que l’auteur a adapté lui-même son roman au cinéma, je ne peux m’empêcher de penser qu’il l’a conçu davantage comme un scénario que comme une véritable œuvre littéraire. Mais alors, que vaut le film ?

 

Philippe Picquier - 2004

 

 

 

 

28 avril 2024

CRASH ! - J. G. BALLARD

"Crash !" est un roman si particulier, si étrange, si dérangeant qu'il s'avère bien difficile de le chroniquer. D'ailleurs, je me demande encore quel était le but recherché par l'auteur et je ne suis pas franchement certain d'avoir saisi le fond de sa pensée. Bien sûr, on comprend qu'il s'y livre à une attaque en règle contre une société qui aliène et qui déshumanise. Un monde qui vous force à adopter une conduite essentiellement consumériste et vous oblige à vivre dans des espaces et des lieux dont la nature a été presque totalement bannie.


Tout le récit se déroule en effet dans une portion de banlieue complètement artificialisée : parkings aériens, voies rapides, échangeurs, hypermarchés, cités dortoirs, aéroport, les personnages semblent prisonniers de "ce nexus de béton et de structures d’acier". Ils ne sont plus eux-mêmes que des éléments quelconques de ce décor, s’effaçant derrière leurs véhicules auxquels ils finissent par s'identifier.


J. G. Ballard met en scène des hommes et des femmes qui, à la suite d'accidents de la circulation dont ils ont été victimes, continuent de hanter les lieux de leur calvaire et cherchent à revivre par le biais du sexe, l'expérience traumatisante qu'ils ont vécue. Dès lors, leur voiture cesse d'être un simple outil de mobilité pour devenir un objet de fantasme. 

 

Les scènes de cul, osées et crues, sont nombreuses mais totalement dénuées de tendresse ou de sentiments. L'acte sexuel y est purement mécanique et observé d’un point de vue quasi médical. On sent que l'auteur veut choquer et sans doute y est-il parvenu à l'époque où le livre est sorti. Aujourd'hui l'impact ne serait évidemment plus le même. Pour autant "Crash !" illustre avec encore beaucoup de vigueur le rejet de la morale sexuelle et du consumérisme triomphant dont la voiture est le symbole.

 

Pocket SF - 1987

14 avril 2024

PARIS PERDUS - FABRICE SCHURMANS

Avec ce chouette petit recueil joliment illustré par Caza, Fabrice Schurmans nous démontre que ce ne sont pas l'apocalypse nucléaire ou le réchauffement climatique qui conduiront l'espèce humaine à sa perte, mais son égoïsme. Chaque nouvelle nous montre en effet une société de plus en plus divisée, le fossé ne cessant de se creuser entre le pouvoir et le peuple, entre les puissants et les faibles, les riches et les pauvres.


On commence en douceur avec "Etoiles en pagaille" où il est question des excès que peuvent se permettre les classes dites supérieures. Une nouvelle un peu angoissante mais non dénué d'un certain humour avec en prime la présence de Brad Pitt himself !


"Le dernier niveau", "Les intrus" et "Le revers du silence"  illustrent chacune à leur manière, le pouvoir de l'argent et la monétarisation de la vie humaine. Qu'il s'agisse de privilégiés qui s'offrent un "shoot them all" grandeur nature, d'un groupe de jeunes graffeurs plongés à leur insu dans une téléréalité mortelle ou d'un bobo de la haute qui se donne le grand frisson en chassant du pauvre, toutes nous montrent les dérives auxquelles peuvent coduire l'absence de mixité sociale. Les différentes classes sont hermétiques les unes aux autres. Le pauvre est relégué en périphérie. Il devient un intrus, un danger, un ennemi.


Avec "L'inconnue du mur", la peur change de camp. Entre New Paris et les vieux quartiers, les liens ont été définitivement rompus. La caste au pouvoir vit derrière de hauts murs dans des résidences ultra sécurisées. Au dehors, la populace a régressé à un stade quasi animal et la colère gronde. L'argent ne protège pas de tout. Pollution, émeutes, guerres : de quelques côté du mur que vous soyez, l'addition sera salée.


C'est ce que nous démontre "La nuit des morts vivants", le dernier texte du recueil. Paris n'est plus qu'une coquille vide où survivent péniblement quelques groupes de rescapés. L'esprit de domination n'a pas pour autant disparu et les femmes subissent encore et toujours la loi du plus fort.

Flatlland Editeur - 2024

7 avril 2024

CAL DE TER - P-J HERAULT

Avec ce septième volume des aventures de son héros éponyme, P-J Herault met un terme à la saga qu'il a initiée dix ans plus tôt. Et il le fait plutôt bien avec une histoire dans laquelle on retrouve les grands thèmes de son oeuvre (lutte d'un petit groupe d'hommes et de femmes contre un gouvernement liberticide et création d'une communauté fondée sur la tolérance et l'entraide) et une petite surprise avec le retour de ces fameux Lloys auxquels Cal doit l'essentiel de ses connaissances et de sa technologie.

 

Nous retrouvons donc Cal et Giuse dans leur rôle de demi-dieux appelés à veiller sur la destinée des habitants de la planète Vaha. Cette fois, il leur faudra lutter contre un parti de va-t-en-guerre prêt à tout pour plonger le peuple dans un nouveau conflit. Mais c’est surtout du côté des Lloys que viendra le danger puisque les mystérieux extra-terrestres cherchent à récupérer par tous les moyens leur base secrète et le super ordinateur HI.

 

L'action va donc se situer sur deux plans. A terre où les deux héros vont prendre la tête d'un groupe de pacifistes et organiser leur exfiltration vers des territoires vierges. Dans l'espace où ils entament un véritable bras de fer avec leurs visiteurs d'outre monde. Deux intrigues plutôt bien menées mais qui ne parviennent pas à se distinguer suffisamment de celles que P-J herault nous a déjà proposées par le passé.

 

C'est donc surtout sur le plan psychologique qu'il faut aller chercher les idées les plus intéressantes du récit. L'auteur s'étend en effet sur les états d'âmes de ses deux héros confrontés à leur statut de démiurges et à la solitude qui en découle. Ils constatent aussi que, en dépit de leurs discrètes interventions pour les remettre sur le droit chemin, les vahussis, pas plus que les terriens, ne parviennent à s'affranchir de leurs mauvais penchants. Cela donne quelques jolies pages empreintes de spleen et de réflexions désabusées sur l'incroyable responsabilité qu'ils se ont imposée.

 

Fleuve Noir Anticipation - 1984

 

 

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24 mars 2024

GUERRE - LUDWIG RENN

Ludwig Renn est à peu près inconnu en France. Il a pourtant eu un destin étonnant et vécu au plus près les grands évènements de la première moitié du XXème siècle. Né Arnold Vieth von Golssenau, il est officier pendant la première guerre mondiale qu'il effectue sur le front français. Jeté en prison dès 1933 par le régime nazi, il rejoint l'Espagne à sa libération pour prendre part à la guerre où il s'illustre en occupant d'importantes fonctions dans la hiérarchie militaire républicaine. Il est ensuite contraint de s'exiler en France, en Angleterre puis au Mexique avant de se fixer en RDA jusqu'à sa mort. Cette installation derrière le rideau de fer explique sans doute que son roman ne soit aujourd'hui pas aussi connu que ceux de Remarque ou Jünger. On peut le regretter car il constitue un témoignage de premier ordre sur la première guerre mondiale vue du côté allemand.

 

Ses qualités sont en effet nombreuses. Tout d'abord il a le mérite de couvrir l'intégralité du conflit. D'août 1914 à novembre 1918, nous vivons avec le soldat Renn la plupart des grands moments de la guerre : le départ d'Allemagne la fleur au fusil, les premiers accrochages, la marche en avant des armées du Reich jusqu'à la bataille de la Marne puis la guerre de position et ses grands affrontements, l'Aisne, la Somme... et enfin le retour au pays pour les survivants. Outre une vision globale du conflit, cela permet de rendre compte de l'évolution des mentalités au sein de l'armée impériale. Le patriotisme et la confiance des débuts cèdent lentement la place aux doutes et à la lassitude. Les soldats ont de plus en plus le sentiment de n'être que des pions sur un échiquier géant et l'instinct de survie finit par l'emporter sur toute autre considération.

 

Ludwig Renn exprime tout cela dans une langue extrêmement simple. Pas de recherche stylistique particulière. Juste une retranscription exacte et sans fioritures des faits tels qu'ils ont été vécus. Cela donne un récit qui tient davantage du journal que du roman. Il en a en tout cas la précision journalière et vaguement répétitive. Une précision qui permet de prendre la mesure de l'horreur quotidienne vécue dans les tranchées et d'apprendre énormément sur l'organisation des troupes allemandes sur le front, les rapports hiérarchiques, les patrouilles, les relèves, l'évacuation des blessés, l'acheminement de la nourriture…

 

On regrettera par contre que l'auteur ait fait le choix d'un héros aussi désincarné. On ne saura en effet pas grand-chose de lui si ce n'est qu'il lui reste une mère, un frère, des neveux et qu'il était sans doute menuisier dans la vie civile. Aucun indice en revanche sur sa personnalité, ses amours ou ses opinions politiques. Il se livre peu et c'est à peine si l'on a connaissance de ses sentiments ou de ses réflexions. Tout juste se permet-il quelques commentaires sur ses compagnons et certains de ses supérieurs. Pour le reste, il demeure du début à la fin le sous-officier allemand modèle, doits dans ses bottes, fidèle et consciencieux. 

 

Le Temps des Cerises - 2023

17 mars 2024

HRAM - CHRISTOPHE SIEBERT

Après "Vive le feu" sorti dans la collection Karnage des éditions Zone 52, "Hram" est le deuxième roman de Christophe Siébert à intégrer une collection Gore. Pourtant, l'un et l'autre ne sont pas de purs exemples du genre. Ils comportent certes bon nombre de scènes dérangeantes mais la violence et le sang ne constituent pas pour autant le fonds de commerce de l'auteur. Son propos est ailleurs. Dans la critique sociale notamment. C'est précisément le cas ici puisqu'il nous invite à suivre le quotidien de deux employés précaires chargés de trouver et d'identifier dans la chaine des Carpathes, les cadavres des nombreux citoyens de la RIM qui ont trouvés la mort en tentant de fuir le black-out et la dictature quelques années plus tôt.

 

La première est opératrice de drone. Mère célibataire, deux enfants, elle travaille à domicile. Ordinateur, internet, bureau, fauteuil, elle assure à distance la recherche des corps. Un travail physiquement et psychologiquement harassant. Les yeux flingués, le dos bousillé, elle enquille les vacations. Jour, nuit, week-end, un emploi du temps qui change constamment et des plages de repos insuffisantes pour s'occuper de soi et de sa famille.

 

Le second travaille sur le terrain. Au sein d'une équipe de six personnes, il récupère les corps et procède à leur identification. Pour mener à bien sa tâche il a accepté d'être "modifié" ou, plus joliment dit, "augmenté". Désormais hyper empathique il peut, par simple apposition des mains sur le crâne des victimes, entrer en contact avec leur mémoire. Avec tous les risques psychiques que l'opération comporte.

 

Deux portraits, deux visages d'un même esclavage moderne. La démonstration par l'exemple de la façon dont les plus fragiles sont livrés à l'appétit des multinationales avec l'aide bienveillante de l'Etat. Résultat : dérèglementation à tous les étages, fragmentation du travail, clauses abusives et autres belles saloperies d’un capitalisme triomphant ! 

 

Avec cette nouvelle vision glaçante de la République Indépendante de Mertvecgorod, Christophe Siébert nous donne à lire une anticipation qui, si l'on n'y prend garde, précède peut-être seulement de quelques décennies notre réalité.

 

Gore des Alpes - 2023

18 février 2024

LA PORTE DES MONDES - ROBERT SILVERBERG

Bien avant d’écrire « Roma Aeterna », Robert Silverberg avait déjà tâté de l’uchronie avec "La porte des mondes", roman très court et, oui, très mineur comparativement au reste de son oeuvre. Pourtant, le point de divergence historique choisi par l'auteur semblait très prometteur. Saignée à blanc par la grande peste de 1348, l'Europe occidentale s'est montrée incapable de résister à l'invasion ottomane. La conquête du nouveau monde n'a pas eu lieu. Les civilisations aztèque et incas se sont développées et ont prospéré jusqu'à devenir au XXème siècle les principales puissances mondiales. Dans cet univers bis où Londres n'est qu'une bourgade insignifiante, le jeune Dan Beauchamps décide d'aller tenter sa chance au Mexique...

 

Indiscutablement, il y avait là matière à concocter un récit qui aurait mêlé aventures picaresques et implications géostratégiques dans un monde où les cartes ont été rebattues. Hélas, l'auteur s'est contenté de nous livrer un simple roman d'apprentissage. Il se distingue toutefois des histoires de ce type par le fait que son jeune héros échoue dans toutes ses entreprises. Les batailles auxquelles il participe se soldent par des défaites monumentales, sa tentative d’espionnage d'un comptoir russe est un fiasco et il finit dépouillé par des pillards amérindiens. Même en amour, ses espoirs seront déçus et il finira par perdre la femme qui lui semblait pourtant promise ! A chaque fois que son destin se trouve à la croisée des chemins, devant l’une de ses portes des mondes auquel l'auteur fait allusion, il fait immanquablement le mauvais choix et se voit contraint de repartir de zéro.

 

En prenant ainsi le contrepied des histoires du genre qui voient presque toujours le jeune héros triompher de toutes les difficultés et se faire une place au soleil, Silverberg nous livre un récit d'aventure rafraîchissant mais sans grande profondeur. On n’en retiendra guère plus qu'une vision de l’Amérique du nord qui, ayant échappée à la colonisation européenne, a conservé intactes ses vastes étendues de nature vierge.

 

Pocket - Fantasy - 1982

4 février 2024

APOLLO XXV - DANIEL WALTHER

Ma dernière lecture de l’un des romans de Daniel Walther paru au Fleuve Noir (Mais l’espace… Mais le temps…) m’avait laissé une impression mitigée. Une première moitié plutôt bien tournée avec un héros charismatique et une intrigue simple mais efficace suivie d’une seconde partie contemplative, obscure et ennuyeuse. « Apollo XXV » répète malheureusement le même schéma avec là encore une entame accrocheuse à laquelle succède une deuxième moitié extrêmement confuse bien que passablement mouvementée.

 

Je le regrette d’autant plus que cette histoire de privé enquêtant sur le meurtre d’un astronaute de retour d’une mission sur Mars offrait de belles perspectives. Pourquoi le commandant Erikson a-t-il sombré dans le mysticisme après son voyage spatial ? Quelle découverte lui et son équipage ont-ils faite sur la planète rouge ? Qui se cache derrière l'église de la New Flight Foundation ? Autant de questions et d'idées qui n'attendaient que d'être exploitées.

 

En reprenant certains clichés du roman noir (privé poissard, veuve joyeuse, commanditaire pas très franc du collier...) et en les assaisonnant d'un soupçon d'anticipation, Daniel Walther nous proposait une ambiance originale et un scénario qui promettait moult rebondissements et révélations. Hélas, il s'est une fois de plus laissé aller à ses mauvais penchants, privilégiant la forme au fonds et perdant ses lecteurs dans un embrouillamini de péripéties sans queue ni tête.

 

Seules émergent donc de cette histoire une amusante critique de ces églises qui se font du fric sur la crédulité de leurs adeptes et une sympathique idée concernant la possible nature extra-terrestre de nos dieux et de nos démons.

 

Fleuve Noir Anticipation - 1990

 

Et si vous souhaitez découvrir un autre titre de la collection, ça se passe ici : 

fl no

 

 

28 janvier 2024

BUNKER - SERGE BRUSSOLLO

Premier des trois romans mettant en scène le personnage d’Oswald Caine, quadragénaire baroudeur et auteur de littérature populaire, « Bunker » n’est assurément pas du niveau des deux suivants (oui j’ai lu la trilogie dans le désordre mais, comme souvent chez l’ami Serge, cela n’est pas du tout gênant).

 

Et pourtant, tous les ingrédients d’un bon « Brussolo » étaient réunis : une société en déliquescence, des milices toutes puissantes qui font régner la peur et la violence, une maison inquiétante peuplée des « fantômes » de ses derniers habitants, un trésor mystérieux, il y avait a priori de quoi faire. 

 

Malheureusement, l’auteur ne s’est guère foulé question intrigue. Il s’est contenté de développer deux fils narratifs assez simplistes et qui, au premier abord, ne semblent pas avoir grand-chose en commun. D’une part, une chasse au trésor de guerre nazi dissimulé dans un petit coin d’Amérique latine. De l’autre, une passionaria révolutionnaire qui souhaite se venger d’un dictateur local. 

 

Le premier nous propose un quasi huis-clos dans une maison-bunker construite sur une île. Demeure tarabiscotée tombant en décrépitude, passages secrets et face à face délétère avec un concierge dangereusement fantasque sont au menu de ce versant du récit. Pour le second, c’est une ville quasi désertée de ses habitants qui sert de décor. Une cité balnéaire où la végétation et la faune sauvage reprennent peu à peu leurs droits, où les derniers citadins se terrent dans des appartements transformés en fortins et vivent dans une atmosphère de crainte permanente.

 

Comme toujours, l’auteur nous abreuve d’idées hallucinantes et de fulgurances démentielles et, sans que l’on comprenne trop comment, les deux fils conducteurs finissent par se rejoindre pour un final d’une ironie macabre et déprimante.

 

Ceci étant, il manque à ce roman un petit quelque chose pour le hisser au niveau des meilleurs opus de l’auteur. Pas assez original, pas assez surprenant, pas assez délirant, « Bunker » est un Brussolo relativement moyen. Mais un Brussolo moyen, c’est déjà très bien !

 

Le Livre de Poche - 2006

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FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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