LE REGNE DU GORILLE - LYON SPRAGUE DE CAMP
Maintenus en état d'hibernation par un mystérieux gaz, les passagers d'un car accidenté dans un tunnel se réveillent quelques millénaires plus tard. Ils découvrent alors que la Terre a bien changé. Les humains semblent avoir disparu tandis que les autres espèces animales ont subi toutes sortes d’évolutions. Les singes notamment, dont l’intelligence s’est considérablement développée…
Treize ans avant que Pierre Boulle n'écrive sa "Planète des singes", Lyon Sprague de Camp publiait ce roman qui met en scène une poignée d'humains catapultés dans un futur où les gorilles sont devenus l'espèce dominante. Non, non, pas de plagiat et, s'il y eut inspiration, celle-ci fut extrêmement légère. Mis à part le contexte général, les seules ressemblances entre les deux récits se limitent à la capture des humains par des gorilles utilisant de grands filets, à leur captivité dans des enclos à bestiaux et aux tests qu'on leur fait subir pour mesurer leur degré d'intelligence.
De plus, l'histoire de Sprague de Camp offre beaucoup moins matière à réflexion que celle de l'écrivain français. C'est un pur récit d'aventure où l'action et l'humour prédominent. La première partie ressemble d'ailleurs à une robinsonnade dont elle reprend les codes avec ses habituelles scènes de survie (chasse, pêche, exploration) et d'organisation sociétale (factions, prise du pouvoir). Rien de bien original mais le récit alterne agréablement le comique (conflits entre les scientifiques et les membres d'une revue de cabaret) et le dramatique (les premiers décès) alors que les personnages découvrent une faune et une flore pour le moins surprenantes.
Après leur capture par les grands singes, c'est la découverte de la société simiesque qui est au cœur du récit. Humains et gorilles apprennent à se connaître et l'on découvre que ces derniers sont plus évolués que ne le laisse supposer leur société préindustrielle. Leur organisation politique semble harmonieuse, les rapports entre mâles et femelles également et, s'il n'y avait de belliqueux babouins dans les environs, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possible.
Hélas ces derniers passent justement à l’attaque et les derniers chapitres du roman sont consacrés au conflit qui s’ensuit. Escarmouches, batailles rangées, les combats se succèdent auxquels les humains prendront une part déterminante. Cela donne une fin un peu bâclée qui ne donne guère d’informations sur le devenir de nos rescapés du passé et leur acclimatation à ce nouveau monde.
Nouvelles Editions Oswald - 1982