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3 juin 2020

LE POINT ZERO - MATSUMOTO SEICHO

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A peine un mois après leur mariage, l’époux de Teiko disparait dans les environs de Kanazawa où il soldait ses derniers dossiers avant de rejoindre son nouveau poste à Tokyo. Elle décide alors de se rendre sur place pour essayer de retrouver sa trace. Mais, ignorant presque tout du passé de son conjoint, sa tâche va vite s’avérer compliquée.  

Seichô Matsumoto est considéré comme le Simenon du pays du Soleil Levant . N’ayant lu qu’un seul roman du grand écrivain belge je ne saurai me prononcer sur cette comparaison. Pour autant, une chose est certaine, « Le point zéro » est un récit où le cadre, temporel, géographique et social, est au moins aussi important que l’intrigue criminelle qui nous est proposée.

Dans ce roman écrit en 1959, l’auteur évoque un Japon encore très marqué par les conséquences, matérielles et morales, de la défaite face aux Etats-Unis. Nous y découvrons un pays qui se remet doucement de la gigantesque crise économique qui suivit la fin de la guerre. Les coutumes reculent devant le mode de vie occidental, l’habitat traditionnel est progressivement remplacé par des demeures modernes et le capitalisme à l’américaine (usines et société de publicité) commence à s’imposer. L’histoire se déroule pour l’essentiel dans une préfecture du nord, coincée entre mer et montagne et subissant du fait de cette situation, la rigueur des éléments et une certaine pauvreté. On côtoie le petit peuple et les notables et la diversité des lieux fréquentés par les personnages (ryokans, salons de thé, bains et toute sorte d’institutions) nous offre un panorama assez complet de la vie dans une ville de province.

Mais là n’est pas le sujet principal du roman. Ce dont Seichô Matsumoto veut nous parler, c’est de ces milliers de japonaises que la misère de l’immédiat après-guerre a contraintes à se prostituer auprès des soldats américains. Ces « pan-pan » que le Japon s’est dépêché d’oublier, il les remet sur le devant de la scène en posant notamment la question de savoir ce qu’elles sont devenues une fois le pays sorti de la misère. Il s’interroge également sur l’influence que ces relations ont pu avoir sur les mentalités dans une société nippone encore très patriarcale, pour ne pas dire carrément machiste.

L’émancipation des femmes est donc au cœur du récit et ce n’est pas un hasard si les principaux personnages sont féminins, à commencer par son héroïne. Pourtant, au début du roman, Teïko apparait comme une femme effacée, subissant l’emprise de sa mère puis celle de son mari. Un mari qu’elle ne connaît guère puisque leur union a été arrangée par un entremetteur comme il était encore de coutume à l’époque. Cependant, en dépit des règles de politesse très pesantes et de la retenue qui s’imposait alors aux femmes, elle va révéler son caractère, faisant preuve d’une perspicacité et d’une persévérance peu commune. Son enquête fera émerger le joli portrait d’une femme volontaire qui doit comprendre qui était son époux afin de découvrir la vérité… à moins que ce ne soit le contraire.

10/18 - Grands Détectives - 2020

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Commentaires
Y
Précipitez vous sur les romans de Simenon, ceux sans Maigret par exemple : les clients d'Avrenos, le passager clandestin, Touriste de bananes par exemple ! Encore bravo pour votre blog Yves
Répondre

FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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