LE MAITRE DES DRAGONS - JACK VANCE
Aerlith, petite planète isolée aux confins de l'univers, est l'un des derniers bastions d'une race humaine quasi anéantie par les Basiques. Ses habitants y ont régressé à un stade médiéval et s'épuisent en d'inutiles querelles intestines. La menace d'un retour des Basiques permettra-t-elle l'union des hommes face à l'envahisseur ?
A ceux qui pensent que les romans de Jack Vance ne sont que de jolis guides touristiques des planètes et sociétés qui parsèment l'univers, ce livre apportera un sévère démenti. En effet, si le dépaysement est comme toujours au rendez-vous, c'est l'action qui domine ce récit où les batailles se succèdent à un rythme effréné. Et quelles batailles ! Des affrontements titanesques opposant des armées de dragons et d'extra terrestres en de sanglantes mêlées et où la froide technologie le dispute à une brutalité toute médiévale.
Malgré tout, Monsieur Vance trouve le moyen de nous brosser un panorama assez complet de cette petite planète des confins. En quelques courts chapitres on y apprend son histoire locale qui se résume à une suite d'escarmouches entres des roitelets dont l'activité principale est l'élevage de dragons.
On y découvre aussi sa géographie particulière constituée de chaînes montagneuses, de plateaux et de vastes canyons au fond desquels se concentre l'activité humaine.
En revanche peu de personnages importants même si les portraits de Joaz Bambeck, rusé et visionnaire, et Ervis Carcolo, incorrigible abruti imbu de lui-même, sont assez plaisants.
De belles inventions aussi côté vocabulaire, qu'il s'agisse de recyclage (la ménestrelle dont on ne sait si elle est trouvère ou concubine) ou de création comme le Démie, chef de la secte des sacerdotes. Cette secte dont les membres ressemblent aux sâdhus, ces mystiques hindouistes détachés du monde et vivant quasi-nus, est d'ailleurs l'une des plus jolies trouvailles du roman.
Leur stricte observance d'une neutralité vis-à-vis de la destinée des hommes sur laquelle ils refusent d'influer de quelque manière que ce soit est d'ailleurs au cœur du récit. Elle pose la question de savoir si, au nom de principes religieux ou philosophiques, on peut rester étranger au malheur d'autrui et refuser son aide aux victimes.
Pocket - SF - 1979