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4 août 2021

ANTHOLOGIE DES DYSTOPIES - JEAN-PIERRE ANDREVON

vendemiaire338-2020 (1)

Auteur, chroniqueur, scénariste de BD et même cinéaste, voilà près de de cinquante ans que Jean-Pierre Andrevon défriche et laboure les champs de la SF française à laquelle il a donné quelques-uns de ses plus beaux fruits. On pouvait donc difficilement trouver mieux pour nous parler de l’un de ses thèmes majeurs : la dystopie.

Après nous avoir judicieusement rappelé qu’une dystopie est une utopie dévoyée ou détournée de son but, il commence sa démonstration par la présentation des quatre romans qu’il estime être les piliers du genre :

-          « Le talon de fer » de Jack London qui illustre la domination d’une classe sur une autre et l’inévitable confrontation qui en découle,

-          « Nous » d’Evgueni Zamiatine, qui constitue l’un des exemples les plus purs de société dystopique où tous les aspects de la vie quotidienne ont été pensés et conçus pour maintenir les populations dans la dépendance et les empêcher de penser par elles-mêmes.

-          « Le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley et « 1984 » de George Orwell pour ce qui est des moyens mis en œuvre pour asservir les masses, le premier grâce aux manipulations génétiques et mentales, le second par un contrôle absolu et une réécriture de l’histoire.

Toutes les autres dystopies ne sont donc qu’une déclinaison ou un mélange des idées abordées par ces oeuvres. Ainsi, en termes d’affrontement entre groupes sociaux, on retrouvera souvent l’opposition patronat/ouvriers comme chez Jack London mais aussi des oppositions jeunes contre vieux ou hommes contre femmes. De même le thème de la surveillance et de la société policière sera abordé de façon différente en fonction de l’évolution des progrès techniques (informatique, connectique…) tandis que le contrôle des pensées sera évoqué au travers de sociétés théocratiques aux dogmes parfois surprenants. Mais bien d’autres thèmes sont abordés dans cet essai tels que la censure, la manipulation des corps, la surpopulation…

Sans viser l’exhaustivité, le livre de Jean-Pierre Andrevon est très complet. Il n’ignore ni les exemples les plus anciens ni les plus récents et, s’il est beaucoup question d’œuvres françaises et anglo-saxonnes, il n’hésite jamais à citer un film mexicain ou un obscur roman tunisien. Il nous livre aussi de très nombreux résumés avec peut-être une petite tendance à trop nous dévoiler l’intrigue.

Je ne suis pas toujours d’accord avec lui comme par exemple lorsqu’il fait du mythe de l’Atlantide l’une des premières dystopie et qu’il présente l’Antinéa de Pierre Benoit comme « le prototype de la déesse immortelle » alors qu’elle n’est qu’une pâle copie de l’Aysha de Rider Haggard. Qui plus est, il s’agit dans un l’autre cas de Lost Race Tales, un genre conjectural bien à part qui se rapproche davantage du fantastique et de la fantasy que de la SF.

J’ai également été très surpris qu’il ne fasse pas figurer au rang des dystopies fondées sur une société du spectacle, le « Wang » de Pierre Bordage qui, dans un registre similaire à celui du célèbre Hunger Games, se montre bien supérieur grâce à la qualité de ses personnages et la portée de son message. Mais JP Andrevon a du faire des choix, sans quoi son ouvrage eu été trois fois plus épais.

Enfin, et pour en finir avec mes petits bémols, il me semble qu’il perde parfois de vue son sujet tant est grand son désir de nous parler de tel livre ou de tel film. Il m’a ainsi paru que les chapitres consacrés aux robots et aux futurs post-apocalyptiques n’avaient pas tout à fait leur place dans cette étude. Rien de bien grave cependant puisque, là encore, son propos demeure passionnant et riche en pistes de lectures. Je crois que ma PAL va encore prendre quelques dizaines de centimètres dans les semaines à venir !

Dans sa jolie robe noire « Anthologie des dystopies » est donc un fort bel ouvrage appelé à devenir un texte de référence. Je regrette d’autant plus les nombreuses coquilles qu’on y rencontre, lesquelles ne m’empêcheront toutefois pas de me procurer son « Récits de l’apocalypse » paru chez le même éditeur et qui promet lui-aussi de fort belles découvertes.

Vendémiaire - 2020

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Commentaires
S
Jean-Pierre Andrevon c'est un peu le trou noir de la SF française : invisible mais essentiel. Il abat un travail de dingue dans ses anthologies.
Répondre

FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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