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13 mai 2020

LES DERNIERS JOURS DU PARADIS - ROBERT CHARLES WILSON

denoel-lunes11644-2014

Une bonne partie des romans de RCW est construite sur l’idée de l’irruption d’un phénomène inexpliqué qui vient bouleverser le quotidien de l’humanité. "Les chronolithes", « Spin » ou encore « Darwinia » en sont de bons exemples. « Les derniers jours du paradis » s’inscrit dans cette continuité avec tout de même une différence notable puisqu’ici seul un petit nombre d’individus a conscience de ce changement.

Le postulat est le suivant : au début du XXème siècle, une entité extra-terrestre semblable à un gigantesque nuage de spores a colonisé la radiosphère (la couche située au-dessus de l’atmosphère) et contrôle depuis les communications terrestres afin d’orienter les politiques, les recherches bref, la destinée de la planète. Une manipulation secrète mais pas forcément néfaste pour l’humanité. L’hypercolonie – c’est le nom donné à l’entité – agit un peu à la façon d’un symbiote. Pour assurer en toute sécurité sa reproduction et son essaimage, elle a besoin des capacités techniques que lui procurent les hommes et veille donc à ce que notre planète soit la plus tranquille possible. Peu de guerres, une prospérité à peu près universelle, la Terre soumise au règne de l’hypercolonie a des allures de paradis. Pourtant, cent ans plus tard, des hommes et des femmes s’opposent à cette dictature bénéfique. Ce sont pour la plupart des scientifiques et leurs familles regroupés au sein d’une organisation parallèle : la Correspondence Society. Peu nombreux, ils sont contraints de vivre dans la clandestinité pour échapper aux Simulacres (les Sims), des humanoïdes chargés d’éliminer ceux des humains qui viendraient à s’opposer aux projets de l’hypercolonie…

En dépit de cette idée assez captivante, le traitement de l’intrigue n’a rien de particulièrement neuf. Remplacez l’hypercolonie par une agence gouvernementale du genre CIA ou KGB, les Sims par des tueurs à gage et les membres de la Correspondance Society par des résistants et vous aboutissez à une histoire d’espionnage et de guerre souterraine relativement banale. Quelques fusillades, des fuites, des planques et des rendez-vous manqués, le plus clair de l’intrigue reprend le schéma très classique de ce type de récits. Celui-ci est heureusement entrecoupé par les souvenirs des différents personnages qui nous montrent de quelle façon les résistants ont découvert le pot aux roses et comment ils ont entrepris de lutter contre ce qu’ils considèrent comme une invasion.

Ces personnages sont d’ailleurs, et c’est une constante chez l’auteur, particulièrement bien croqués. Psychologie, rapports humains, espoirs ou déceptions, leurs caractères sont formidablement exploités et c’est avec plaisir que nous suivons quatre ados confrontés à des responsabilités qui les dépassent, un couple séparé depuis de nombreuses années mais contraint de faire cause commune, un paranoïaque, un junkie… Cela n’est malheureusement pas suffisant pour faire de ce livre un grand roman de SF et ce ne sont pas les ultimes révélations ni les sympathiques allusions à « L’invasion des profanateurs de sépultures » ou aux « Coucous de Midwich » qui me feront changer d’avis. Reste qu’il nous propose une invasion extra-terrestre pour le moins originale et nous invite à réfléchir à une question qui ne l’est pas moins : peut-on, en échange d’une vie meilleure, aliéner notre libre arbitre et accepter de n’être plus totalement maître de notre destinée ?

Denoël - Lunes d'Encre - 2014

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Commentaires
C
Pour ma part, je trouve que rien que pour l'interrogation, cela vaut le coup de le lire. <br /> <br /> Mais je dois avouer qu'à ma première lecture, j'avais un avis assez similaire au tien.<br /> <br /> A la relecture, je trouve que cette hypercolonie a de troublantes ressemblances avec les hypothétiques de Spin.
Répondre

FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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