SCORIES - BRUNO POCHESCI
Il y a cinquante ans, une bombe atomique a pulvérisé un petit bout de France, faisant du même coup basculer le pays dans le repli sur soi et la dictature. C’est dans ces circonstances dramatiques que François, indécrottable anarchiste qui s’accroche envers et contre tout à ses idéaux, a rencontré Pierre-Etienne qui devait devenir le tout-puissant Président de ce qui reste d’une république attaquée de toutes parts. Alors que les deux hommes n’entretiennent plus que des rapports ambigus fondés sur leurs souvenirs communs , Pierre-Etienne fait appel à son vieil ami pour intervenir auprès de terroristes fermement décidés à faire exploser une centrale nucléaire…
Bien qu’encore tout nouveau sur la scène SFFF française, Bruno Pochesci fait pas mal parler de lui et cela fait déjà un petit moment que je tourne autour de ses nombreuses publications sans oser sauter le pas. C’est désormais chose faite grâce aux Editions 1115 qui nous proposent avec « Scories » une novella percutante et sans complexe.
Ce que l’on remarque au premier abord, c’est la qualité de l’écriture. Une prose brillante, recherchée et inventive qui dénote une grande maîtrise de la langue française même si l’on a parfois le sentiment que l’auteur s'écoute écrire comme d'autres s'écoutent parler, goutant à l’avance l’effet produit par ses bons mots et ses jolies formules. Personnellement cela ne me dérange pas. Je serais même plutôt fan. D’autres en revanche pourraient s’en agacer, d’autant qu’ils ne trouveront peut-être pas leur pitance avec ce récit qui manque de substance et d’unité.
En fait, on ne sait pas trop à quoi on a affaire. Une énième histoire de futur dystopique avec un vilain tyran opposé à de gentils rebelles ? Un road-trip survitaminé avec un as du volant lancé dans une équipée sauvage façon « Route 666 » de Zelazny ? Une utopie post-apocalyptique où les barbus du Larzac se seraient réfugiés à Tchernobyl ? « Scories », c’est un peu tout ça à la fois, sans qu’aucun de ces aspects ne prennent vraiment le dessus. Trois idées, trois atmosphères, trois instantanés d’un futur bien pourri, reliés un peu artificiellement les uns aux autres et ne réussissant pas à former un tout crédible. C'est rapide, c'est nerveux, avec un petit côté pulp au niveau des personnages. L’humour est décapant, les réparties fusent, les cadavres s’empilent mais, n’eut-été la chouette plume de l’auteur, je me serai passablement ennuyé.
Sentiment mitigé donc. Je suis conquis par la forme, beaucoup moins par le fonds. Ceci étant, Bruno Pochesci est indiscutablement une plume à suivre. Je le garde à l’œil. Il n’a qu’à bien se tenir !
Editions 1115 - 2019