LA PETITE FILLE AUX YEUX SOMBRES - MARCEL PAGNOL
A l’instar de ses amis Peluque et Grasset, Jacques Panier s’est juré de ne jamais succomber à l’amour, ce piège nuptial que nous tendent nature et société pour mieux nous enchaîner. Mais que peuvent les meilleures résolutions face au regard envoûtant d’une charmante jeune fille ?
« La petite fille aux yeux sombres » est un roman de jeunesse de Marcel Pagnol dans lequel il n’est pas défendu de voir, ici et là, quelques éléments autobiographiques. Jacques Panier, Peluque, Lemeunier et Grasset ressemblent sans doute beaucoup au Marcel des années 20 et à ses amis d’alors, de jeunes hommes fraîchement diplômés et bien décidés à vivre une vie plus stimulante que celle de leurs parents. Ils professent un même rejet de l’amour, du mariage et du travail bref de tout ce qui constitue à leurs yeux cet idéal petit bourgeois qui les rebute tant. Ils sont désinvoltes et insouciants, imbus de leurs connaissances toutes neuves et passent leurs temps en beuveries et blagues potaches. Pourtant, malgré leurs prétentions et leur cynisme de façade, ils restent soumis à ces lois de la nature qu’ils dénigrent si fort. Alors, quand Cupidon se met de la partie, il leur faut composer avec leur amour propre et les railleries de leurs amis.
Dans cette petite fable humoristique qui nous parle aussi d’amour et du temps qui passe, l’auteur de « Marius » fait revivre le temps de quelques semaines le Marseille de sa jeunesse et quelques-uns de ses souvenirs qu’il mettra si bien en lumière quelques années plus tard. On n’y trouve pas encore la poésie de ses écrits plus tardifs et la Provence tant aimée n’est qu’à peine évoquée. Le style est aussi un peu lourd, parfois même pédant, mais convient finalement à l’idée que l’on peut se faire de ces garçons vaniteux qui pense que la jeunesse leur donne tous les droits. Quant à l’histoire, elle se conclue d’une façon tout à fait inattendue et fort drôle qui démontre qu’il vaut sans doute mieux garder intacte la fraîcheur d’un amour de jeunesse que de tenter de le faire revivre des années plus tard.
Editions de Fallois - Pocket - 1991