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SF EMOI
8 avril 2015

LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TOM GORDON - STEPHEN KING

ldp15136Pour s'être éloigné du sentier balisé sur lequel elle randonnait en famille, la petite Trisha se retrouve perdue au cœur des Appalaches. Espérant sortir des bois en suivant le cours d'un ruisseau elle va au contraire s'enfoncer davantage dans les profondeurs du massif montagneux, sans équipement ni provisions. Pour retrouver les siens, il va dès lors lui falloir faire preuve de courage et d'ingéniosité et, surtout, surmonter ses terreurs de petite fille.

Je suis perplexe. Je me demande s'il me faut saluer la performance d'un auteur capable de nous raconter sur deux-cent-quatre-vingt pages les mésaventures d'une gamine de neuf ans perdue dans la forêt ou si je dois m'insurger contre un gigantesque "fouttage de gueule". Sincèrement je ne sais que penser. Alors, pour tenter d'y voir plus clair, je vais lister les arguments pour et les arguments contre. On verra après.

Ce qui plaide indiscutablement en faveur de ce livre, c'est son portrait réussi de petite fille courageuse. Parfaitement crédible tant au niveau de son langage, de ses réflexions et de ses réactions, la jeune héroïne occupe avec brio le devant de la scène. Son long monologue intérieur nous fait découvir ses relations avec ses parents divorcés ou des sujets plus légers tels que ses goûts musicaux, ses jeux avec son amie Pepsie, ses profs, bref, tout le petit univers d'une enfant de neuf ans est très bien restitué.

L'aspect « survie en milieu hostile » est également bien abordé. Mister King a potassé le sujet avec sérieux pour déterminer le type de faune et de flore que Trisha peut rencontrer en juillet, dans les forêts du New Hampshire. Ses descriptions sonnent juste et il distille ce qu'il faut de bonnes et de mauvaises rencontres, sans en rajouter. Les guêpes et les moustiques lui rendent ainsi la vie dure tandis que les baies et les graines lui évitent de mourir de faim. Ajoutons-y le froid, l'eau polluée, la diarrhée et la fièvre qui s'ensuivent, tout cela donne à l'histoire un aspect indéniablement plausible.

Mais la vraie bonne idée, c'est d'avoir fait prendre corps aux peurs enfantines de Trisha. Ce monstre que les enfants croient tapis sous le lit ou au fond de l'armoire, la petite fille le sent rôder autour d'elle, acharné à sa perte et se moquant de ses misères. Elle voit sa main dans tous les obstacles qui se dressent sur son chemin et c'est donc autant contre elle-même que contre les éléments qu'elle doit lutter.

Côté contre, je n'ai finalement qu'un seul argument, mais de taille : je me suis copieusement ennuyé. C'est long, long, long à n'en plus finir. A l'instar de la petite Trisha qui espère découvrir derrière chaque arbre un signe de présence humaine, j'ai passé tout le livre à attendre que survienne quelque chose d'excitant, que surgisse un monstre, un pervers, des indiens sur le sentier de la guerre, n'importe quoi pourvu qu'il se passe enfin quelque chose.

Stephen King a oublié que ce qui ne manque pas d'intérêt sur cinquante page, une centaine à la rigueur, devient franchement lassant au-delà. La petite est fatiguée, a faim, froid, peur, est malade, veut son papa, sa maman. Oui, on le comprend aisément. Mais est-ce que ça suffit à faire un livre ? Certains penseront que oui et crieront à la performance littéraire, au génie. Voire. Pour ma part je reste sur un profond sentiment d'ennui. Malgré un bon personnage et un sens indubitable de la narration, le roman de Stephen King est tout de même sacrément creux. Et ce ne sont pas les matchs de base ball que la petite héroïne écoute à la radio (et auxquels je ne comprend foutre rien) qui m'ont aidés à faire passer la pilule !

Mon troisième rendez-vous avec Stephen King est donc encore raté. Ça devient une habitude.

Albin Michel - Livre de Poche - 2002

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Commentaires
P
J'ai lu " La ligne verte " et je crois que c'est tout ; pas un grand fan....
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L
Oui, c'est vrai qu'il tire un peu à la ligne... et puis je ne suis pas du tout sensible à son style. Mais c'est promis, je lui offre une dernière chance ! Pas avec "Ca" que je connais via l'adaptation TV ni "La tour sombre" beaucoup trop long. Peut-être un recueil de nouvelles...
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F
Ami Lekarr-sept-six, je suis comme toi, la plus grande partie de S.K m’appert comme fastidieuse, et Dieu sait que j’ai fait des efforts, sur plusieurs décennies peu de ses écrits m’ont échappé ! <br /> <br /> Nonobstant, l’ami Fantasio à raison, ce que nous n’aimons pas bien, toi et moi chez le maître, c’est quand il joue du registre Dumas Père&Fils, quand il commet ses romans kilométriques ; et cependant je rejoins presque Fantasio, il y a au moins une chose à tenter dans son oeuvre : les trois premiers tomes de la “Tours Sombre” (Le Pistolero, Les trois cartes, Terres perdues) ; dans ce cas, nous sommes au pays du lait et du miel. <br /> <br /> M’enfin, pour ce que j’en dis...
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F
En fait il y a un Stephen King traditionnel (Simetièrre, Ça, Le Fléau, etc.) et un Stephen King plus littéraire aux gros romans très longs (Histoire de Lisey, Duma Key, etc.) que tu ne sembles pas apprécier. Je te conseille donc les premiers ou, pourquoi pas, certains recueils de nouvelles comme "Brume".<br /> <br /> Mais je crois que si tu n'as pas peur des gros bouquins, tu seras comblé avec le fabuleux "Ça". C'est vraiment son oeuvre phare (hormis la formidable et très longue saga de "La Tour sombre".)
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F
Bon ben attaque "ÇA" qui est considéré par beaucoup comme son chef d'oeuvre. :)
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L
J'ai lu "La petite fille..." sur les conseils d'un collègue à qui j'avais parlé de mes deux premières expériences ratées avec SK. Résultat : encore une déception.<br /> <br /> Mais bon, pour toi et Fantasio, je peux bien faire encore un petit effort. Mais ça sera le dernier !!!
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Z
Tu dois lire "Histoire de Lisey". Et aussi le recueil "Différentes saisons" qui est une merveille. Après, tu auras un avis différent sur King.
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F
Je ne suis pas très objectif car je suis un grand fan de Stephen King dont l'art consiste justement à prendre son temps pour raconter ses histoires. J'avais vraiment beaucoup aimé ce livre mais je comprends tout à fait que l'on soit agacé par les nombreux temps morts de ce roman.<br /> <br /> Stephen King n'a pas écrit que des chefs d'oeuvres, loin de là. Je te conseille de lire ses GRANDS livres : Ça, Le fléau, Duma key ou 22/11/63 par exemple.
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FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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