HIROCHIMIO MON AMOUR - NICOLAS MILLIE
Condamné à brève échéance par un cancer particulièrement agressif, Gilbert a décidé d’en finir au plus vite pour s’éviter des souffrances inutiles et épargner à son épouse l’image de sa déchéance. Un médecin semble prêt à l’accompagner dans sa démarche. Mais le docteur Grandiot est-il vraiment aussi compatissant qu’il le prétend ?
Premier auteur français à participer à l’aventure du gore made in Switzerland, Nicolas Millié à placé son roman sous le signe du savant fou. Et dans le genre scientifique bien frappadingue, son docteur Grandiot se pose là. Digne successeur des Frankenstein et autre Jekyll, il ajoute à la mégalomanie de ses illustres prédécesseurs une bonne dose d’intégrisme religieux. Cela le conduit à se livrer non seulement aux expériences les plus douteuses mais aussi à recourir aux protocoles les plus extrêmes et les plus douloureux. L’abominable bonhomme entend en effet faire souffrir ses cobayes afin de leur rappeler que leur séjour terrestre est, ou devrait être, une vallée de larmes.
Une bonne partie du roman se déroule donc dans son laboratoire où deux hommes et une femme subissent non seulement ses traitements délirants mais aussi les sévices de son homme à tout faire. Les descriptions des uns et des autres sont proprement abominables. Nicolas Millié prend un malin plaisir à s’attarder sur les chairs martyrisées, les organes boursouflés, les humeurs, les escarres et tous ces fluides peu ragoutants que le corps humain sécrète.
Le défilement de toutes ses scènes écœurantes pourrait paraître un peu redondant s’il n’y avait, en contrepoint, l’histoire de l’épouse de Gilbert qui se démène pour sauver son époux, aidée dans son entreprise par une amie quelque peu envahissante. Cela apporte au récit un soupçon de tendresse et d’humour, une respiration bienvenue au milieu des miasmes de l’horreur médicale, jusqu’à ce que le récit s’emballe et que la déchéance physique change de côté…
Dénonciation de l’intégrisme religieux et des laboratoires pharmaceutiques prêts à tout pour augmenter leurs profits, « Hirochimio mon amour » est aussi un plaidoyer pour l’euthanasie car, rappelons-le, la France oblige encore ses citoyens à l’exil belge ou suisse pour trouver une fin de vie digne et exempte de souffrances.
Gore des Alpes - 2021