LES INTOXIQUES - OLIVE
Pour éviter la prison, un politicien genevois fait appel à la mafia locale afin de l’exfiltrer de Suisse. Il se retrouve ainsi en compagnie de deux individus chargés de le convoyer : un homme de main aux méthodes aussi affreuses que son visage et un punk alcoolique et drogué. Les trois hommes entreprennent de rallier l’Italie en voiture en empruntant les petites routes des Alpes valaisannes. Le trajet va s’avérer plus compliqué que prévu…
Je continue ma découverte du gore made in Switzerland avec ce bouquin d’Olive qui nous embarque dans un road-trip sous ecstasy particulièrement barré.
Si les deux premiers opus de la collection avaient un côté « critique sociale » assez marqué, il n’en est rien avec celui-ci. Il est bien question de migrants qui essaient de franchir les Alpes et de nazillons qui tentent de les en empêcher mais les uns et les autres ne constituent rien de plus que des intermèdes dramatiques et sanguinolents. Ils font en quelque sorte partie du décor au même titre que les pics enneigés des Alpes suisses. Et encore ! Car la montagne joue un rôle beaucoup plus important dans le développement de l’intrigue. Excepté le chapitre introductif, l’essentiel de l’action s’y déroule. C’est elle qui, avec ses multiples dangers (froid, précipices, avalanches), rythme le récit en plaçant les personnages dans les situations les plus scabreuses.
Ceci étant dit, il faut bien reconnaître que l’histoire tout entière repose sur la personnalité de son punk de héros et sur la manière dont il nous raconte ses mésaventures présentes ainsi que quelques bribes de son passé. Les descriptions de ses saouleries, de ses descentes d’acide et de ses parties de jambes en l’air contées avec une naïve crudité sont particulièrement savoureuses. Elles font rire autant qu’elles répugnent et donnent une image sans doute assez réaliste des déboires des camés et des alcoolos. Aucune poésie dans son parcours, juste du désespoir et de la tristesse.
Les autres personnages ont moins d’envergure. Le politicard véreux et hypocondriaque fait vaguement sourire tandis que le tueur à gage dénué de conscience ne fait jamais que ce que l’on attend de lui. Pourtant, la réunion de ces trois pieds nickelés nous donne quelques scènes et dialogues absolument tordant. Les réactions violentes et radicales de l’un, les bourdes catastrophiques de l’autre et la passivité du dernier composent un cocktail d’humour et de violence qu’on savoure avec un plaisir vaguement coupable.
Bref, un bon petit divertissement qui meublera avantageusement vos heures perdues.
Gore des Alpes - 2019