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1 mai 2022

LA VOIE ROYALE - ANDRE MALRAUX

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Claude Vannec, un jeune archéologue français et Perken, un aventurier danois, se sont associés dans le but de voler les bas-reliefs de temples khmers non répertoriés. Perken espère aussi découvrir ce qu'il est advenu de l'un de ses amis : Grabot. Les deux hommes s'enfoncent au cœur de la jungle Cambodgienne jusque sur le territoire des redoutables Moïs.

Je connaissais le Malraux ministre de la culture de De Gaulle. Je savais son engagement dans la résistance pendant la seconde guerre mondiale. J’avais même entendu parlé de sa participation à la guerre d’Espagne. Ce que j'ignorais en revanche, c'est sa carrière d’aventurier dans l’Indochine des années vingt au cours de laquelle il s'adonna au trafic d'antiquités. Or, c’est précisément de cet épisode de son existence qu’il s’est servi pour écrire son livre.

"La voie royale" est un roman d'aventures exotiques comme on en écrivait encore beaucoup dans les premières décennies du siècle dernier. On y trouve d'ailleurs quantité de points communs avec d'autres œuvres parues à la même époque. L'évocation du vol de bas-reliefs des anciennes cités khmères m'a rappelé "Le roi lépreux" de Pierre Benoit sorti trois ans plus tôt et j'ai retrouvé un peu du Kurtz de Joseph Conrad dans les personnages de Grabot et Perken. En cherchant bien, on pourrait même trouver dans leur destinée quelques analogies avec celle des deux héros de Rudyard Kipling dans "L'homme qui voulut être roi".

Ceci étant, la comparaison s'arrête là. Les motivations des personnages de Malraux sont en effet bien différentes. Leur objectif n'est pas de s'enrichir en vendant quelques pièces de musées ou de se tailler un empire aux frontières du Cambodge et du Laos. Ou plutôt, il ne s'agit pas d'une fin en soi. L’important pour eux n’est pas le but mais le chemin emprunté pour y parvenir. Ils veulent éprouver le danger et toutes ces sensations fortes  qui, seules, leur rappellent qu'ils sont vivant. Pour reprendre le mot de Michel Audiard dans "Un singe en hiver", ce n'est pas le vin qu'ils recherchent, c'est l'ivresse.

J’ai été surpris de trouver dans leur attitude et dans leurs réflexions des accents existentialistes. Perken et Vannec sont davantage confrontés à l'angoisse provoquée par leur rapport au monde et à la vie qu'aux pièges de la jungle. Ils souhaitent s'extraire de la destinée commune ("Posséder plus que lui-même, échapper à la vie de poussière des hommes qu’il voyait chaque jour…"), de l'ennui d'une existence programmée ("Se libérer de cette vie livrée à l’espoir et aux songes, échapper à ce paquebot passif !"). L’aventure est un dérivatif à la vacuité de leur existence. Elle permet aussi l'oubli de la vieillesse et de la déchéance qui l'accompagne.

Roman d'aventures de facture classique rehaussé par l'introspection de ses personnages, "La voie royale" est malheureusement desservit par un style d'un lyrisme grandiloquent. Moins d'emphase aurait sans doute permis de mieux s'approprier les sentiments des personnages et de ressentir davantage la touffeur et les dangers de la jungle. 

Grasset - Le Livre de Poche - 1979

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Commentaires
S
Claude Vannec, un jeune archéologue français et Perken, un aventurier danois, se sont associés dans le but de voler les bas-reliefs de temples khmers non répertoriés<br /> <br /> <br /> <br /> Ah oui Malraux bien placé ...
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FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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