CE QU'IL Y AVAIT DERRIERE L'HORIZON... - JEAN-PIERRE ANDREVON
Les statistiques sont formelles. Plus on lit de livres d’un même auteur, plus on a de chance de tomber sur un titre décevant. Alors voilà. C’est fait. J’ai lu un mauvais Andrevon. Enfin mauvais n’est pas le mot. Disons plutôt un Andrevon très moyen. Parce qu’il y a quand même sa belle écriture, riche et fortement évocatrice avec sa façon bien à lui de faire vivre ses personnages en toute simplicité, au plus près de leur quotidien. Mais ici, elle ne suffit pas à sauver le livre.
Pourtant le truc était prometteur. Intriguant, angoissant, haletant, il happe instantanément le lecteur et le plonge dans un abîme de conjectures sans toutefois lui laisser le temps de se pencher sur les mystères qui s’accumulent face à un héros complètement débordé. Le pauvre Joseph Wong a en effet le plus grand mal à comprendre ce qui lui arrive. A peine rentré chez lui après sa partie de pêche dominicale, le pauvre homme est agressé par tous les membres de sa famille. Son fils tente de l’électrocuter, son bébé veut lui croquer les mimines et sa moitié l’accueille avec un couteau de cuisine. Et ce n’est pas fini ! Ses parents, sa belle famille, ses vieux potes se mettent à le courser avec apparemment une seule idée en tête : le trucider. Avouez qu’il y a là de quoi se poser quelques questions, chercher à comprendre le pourquoi et le comment. Et on s’attend à du lourd, du surprenant, de l’atypique.
Et ben non ! Comme une baudruche qui fait pschitt, l’intrigue accouche d’une très banale histoire d’invasion extra-terrestre. Oui je spoile. Mais rassurez-vous, rien de bien grave à cela. L’auteur nous dévoile assez vite les dessous de l’affaire et cet affrontement entre les Andromorphes et les Scyncomorphoïdes pour la domination de la Terre n’a malheureusement rien de particulièrement original. La façon dont ils s’y prennent pour désigner le vainqueur, se livrant à une sorte de jeu afin d’éviter de se détruire réciproquement, a déjà été exploitée et l’intervention d’entités supérieures pour mettre de l’ordre dans tout ce bordel m’a fait l’effet d’un raccourci un peu grossier pour clore fissa le roman.
Au final, celui-ci se résume donc pour l’essentiel à une longue course poursuite entrecoupée de combats extrêmement violents. Pas de quoi fouetter un chat donc. Andrevon m’a habitué à tellement mieux que j’en deviens peut-être trop exigeant !
Fleuve Noir Anticipation - 1991