LE LIVRE DES CRANES - ROBERT SILVERBERG
Quatre étudiants profitent de leurs vacances pour se lancer dans une longue excursion à travers l’Amérique, de la Côte Est à l’Arizona. Ils espèrent retrouver la trace du mystérieux monastère de la Fraternité des Crânes où se cacherait le secret de l’immortalité. C’est du moins ce que l’un d’eux, expert en philologie médiévale, prétend avoir découvert dans un ancien manuscrit. Réalité ? Légende ? La vérité se trouve au bout du voyage.
Robert Silverberg est un auteur majeur de la SF américaine à laquelle il a donné quelques-uns de ses chefs d’œuvres. Qu’il aborde la dystopie (Les monades urbaines), l’uchronie (Roma Aeterna) ou même la fantasy (Le cycle de Lord Valentin), il le fait toujours avec la même réussite grâce une culture immense et une écriture fantastiquement immersive. « Le livre des crânes » ne se rattache en revanche à aucun de ces genres. Il y est certes question d’immortalité, on y parle bien d’un vieux grimoire et d’une étrange secte, mais à aucun moment, on n’y rencontre un élément d’ordre fantastique ou surnaturel.
Il s’agit plutôt d’une quête initiatique. Partis à la recherche de l’immortalité, c’est en réalité à la découverte de leur moi profond que les quatre protagonistes de son histoire - l’orphelin avide de reconnaissance, le gosse de riche blasé, le juif complexé et l’homo déluré – vont aboutir. Grâce au procédé du roman choral, Silverberg nous plonge dans leurs pensées les plus intimes. Il nous dévoile leurs secrets et leurs failles, leurs fantasmes et leurs espérances. Il nous montre aussi ce qu’ils pensent les uns des autres, mettant à nue les rancœurs et les jalousies et révélant à cette occasion une société américaine beaucoup plus clivée qu’il n’y parait.
« Le livre des crânes » est un livre très représentatif de son époque. Ecrit dans les années 70, il illustre le besoin de rupture et de changement alors à l’œuvre dans presque toutes les sociétés occidentales. L’homme a découvert l’atome, il a marché sur la Lune et a définitivement soumis la nature. « Il a échappé à l’ignorance superstitieuse pour tomber dans le vide matérialiste ». En est-il plus heureux pour autant ? Pas sûr. Consommer ne lui suffit plus, il veut à donner un sens à sa vie. Ce sens il va le rechercher dans de nouvelles expériences, dans la drogue, le sexe, la philosophie transcendantale… Le résultat sera-t-il à la hauteur de ses attentes ?
Pocket SF - 1984