SOLEIL VERT - HARRY HARRISON
Andy Rush est un jeune flic new-yorkais chargé de retrouver l’assassin d’un gros ponte du marché noir. Une mission d’autant plus compliquée que Billy, le meurtrier, a trouvé refuge parmi les millions de sans-abri que compte la ville surpeuplée. Entre son enquête et la répression des manifestations de plus en plus violentes, Andy n’ a que peu de temps à consacrer à la jolie Shirl qui vit de plus en plus mal leurs conditions de vie précaires…
Il est assez rare qu’une adaptation cinématographique soit meilleure que le livre dont elle s’inspire. C’est pourtant le cas avec ce roman d’Harry Harrison qui souffre indubitablement de la comparaison qu’on ne peut manquer de faire avec le film de Richard Fleischer. Difficile en effet de lutter contre Charlton Heston et Edward G. Robinson ou d’oublier des images aussi frappantes que l’euthanasie du vieux Sol et les manifestants écrasés par les bulldozers. Difficile surtout de faire l’impasse sur la terrible révélation finale. Or si l’intrigue du film et celle du roman différent très peu, le mystère autour de l'approvisionnement alimentaire de la population n'existe pas dans le second. On doit donc se contenter d'une enquête toute simple sur l'assassinat d'un mafieux qui avait des accointances politiques et de la traque de son assassin. Une enquête guère passionnante qui me fait penser qu’elle n’est peut-être qu’un alibi permettant à l’auteur de nous immerger dans ce New-York de 1999 pour nous proposer une tranche de vie de quelques-uns de ses 35 millions d’habitants.
Et de ce point de vue, le roman est tout à fait réussi. En compagnie d’Andy, de Shirl et de Billy nous plongeons dans cette cité tentaculaire où la richesse la plus tapageuse côtoie l’extrême misère. Immeubles insalubres et surpeuplés, rationnement de l’eau et de la nourriture, marché noir et corruption généralisée, on a le sentiment d’évoluer dans une société tiers-mondisée et sans avenir. La survie devient une lutte quotidienne et, semble-t-il, perdue d’avance. Les responsables - surexploitation des ressources naturelles, pollution - sont clairement désignés et ne surprendront pas le lecteur de 2019. L’auteur met en revanche l’accent sur les effets dévastateurs d’une démographie incontrôlée, n’hésitant pas à pointer du doigt certains responsables, au premier rang desquels les religions et leurs dogmes.
Bon, le roman se passe en 1999 et force est de constater que, 20 ans plus tard, nous n'en sommes pas encore arrivés à cette situation extrême. Ceci étant et vu notre mode de vie, l’échéance se rapproche de plus en plus vite. Sept milliards d’habitants, 10 milliards, 15 milliards, la bombe à retardement écologique, comme un gros soleil vert, finira quand même par exploser.
Pocket SF - 1988