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SF EMOI
7 décembre 2017

DIVINE ENTREPRISE - ROGER FACON

FnAnt1621-1988

« Divine entreprise » est le genre de roman de science-fiction que j’ai l’impression d’avoir déjà lu dix fois. Une guerre totale, une de plus, a ravagé le monde et contraint ce qui reste de l’humanité à se réfugier sous terre, à l’abri des miasmes et des radiations. Le gouvernement chargé de la bonne marche de cette société recluse a viré totalitaire et maintient le peuple dans l’obéissance absolue et l’ignorance, dissimulant notamment la possibilité de retourner à la surface. Un policier chargé d’enquêter sur la mort de l’un des dignitaires du régime va mettre au jour les mensonges du système ainsi qu'un complot destiné à le renverser. Vous conviendrez qu’il n’y a rien là de très nouveau même si la recette fonctionne toujours comme l’a prouvé encore récemment Hugh Lowey avec son « Silo ».

De fait, la seule originalité du récit de Roger Facon a trait à la nature de sa société souterraine calquée sur la hiérarchie de l’entreprise. Nous découvrons ainsi comment elle fut progressivement érigée en modèle sociétal puis en religion, comment les PME et les multinationales échappèrent au contrôle de l’Etat puis, une fois devenues toutes puissantes, imposèrent leur lois (rétablissement du servage, euthanasie des chômeurs…), comment enfin l’église vint s’associer à ce nouveau pouvoir pour établir une théocratie.

Toutefois ce n’est pas par son manque de nouveauté que le roman pêche le plus mais à cause d’une intrigue mal maîtrisée. Il y a sans doute trop de personnages et trop de pistes à suivre pour un récit aussi court (les 180 pages réglementaires de FNA) et l’auteur est contraint de prendre des raccourcis pour mener l'histoire à son terme. Dans les trente dernières pages, le récit s’emballe. Les révélations pleuvent et de nouveaux personnages, des confréries, des groupuscules au rôle pourtant déterminant surgissent le temps d’un chapitre, font avancer les choses puis disparaissent sans crier gare. Tout cela est un peu frustrant et débouche sur une fin quelque peu bâclée.

L’auteur sait heureusement faire preuve de pas mal d’humour. Malgré un style parfois lourdingue (les fins de phrases du genre : « c'est le pactole, Anatole », « faut s’en servir, Casimir », ça va bien cinq minutes), il lui arrive de se lâcher et de faire montre d’une réelle inventivité. A preuve, cette présentation de Jésus façon « lutte des classes » : « Notre grand pote n’est-il pas né parmi les OS, dans une cave de Béthléem, n’a-t-il pas choisi d’être enfanté par une fille mère ? Son CAP de menuisier en poche, que fait-il ?... Il se coltine avec le fondé de pouvoir d’une multinationale qui colonise Israël, devient un exclu, recrute des copains chez les sicaires et les loubards. Et il est persécuté par le directeur de la PME Hérode Antipas ! On lui crache au visage, on le flagelle, on le crucifie ! On lui reproche de multiples infractions au code du travail parce qu’il guérit les malades et ressuscite les morts le dimanche ! On essaye de le faire passer pour un briseur de grève de boulanger parce qu’il multiplie les pains à l’issue d’un meeting ! ».

Fleuve Noir Anticipation - 1988

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FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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