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22 janvier 2017

REPLAY - KEN GRIMWOOD

points1569-2009

Après quarante-trois ans d’une vie de merde Jeff Winston est fauché par une crise cardiaque. A sa grande surprise, il se réveille peu après dans sa chambre d’étudiant, âgé à nouveau de dix-huit ans et bien décidé à profiter au mieux de la seconde chance qui lui est accordée. Mais l’argent, le pouvoir et les femmes ne sont pas nécessairement synonymes de bonheur…

Est-ce que vous vous rappelez « Un jour sans fin », ce film dans lequel Bill Murray se retrouve contraint de revivre indéfiniment la même journée ? Oui. Et bien « Replay » en est un peu la version écrite. En beaucoup plus long tout de même puisque ce ne sont pas vingt-quatre heures mais vingt-cinq années de sa vie que le héros de Ken Grimwood doit se coltiner encore et encore. Le sujet est plaisant. Qui n’a jamais rêvé de tout recommencer à zéro, de rejouer sa vie en mieux en évitant les erreurs passées et en influençant le destin pour se faire un avenir en or ? C’est précisément ce que l’auteur nous propose de suivre au travers des multiples existences de son personnage.

Disons-le tout de suite, je n’ai pas été emballé. Malgré quelques idées intéressantes et un traitement correct de la chose, les « replay » ou « recommencements » de son personnage n’ont rien de bien excitant. Je dirais même qu’ils sont tout à fait convenus et c’est sans aucune surprise qu’on le voit tour à tour s’enrichir, s’étourdir dans la drogue et le sexe, mener une vie de famille pépère ou se la jouer ermite-revenu-de-tout.  Il y a bien quelques clins d'œil sympathiques (l’hébergement dans son garage des créateurs d’Apple), quelques belles rencontres (Louis Armstrong à Saint-Germain) et un peu d’humour et de drame pour faire passer le tout mais globalement ça reste d’une grande banalité.

Grimwood n’évite d’ailleurs que d’extrême justesse la lassitude de son lecteur en introduisant un personnage féminin soumis aux mêmes aléas temporels. Cela relance quelque peu l’intrigue avec des confrontations d’idées nouvelles et son lot de rendez-vous manqués. Malheureusement, cela fait aussi sombrer l’histoire dans un mélo larmoyant dont elle ne se remettra pas. C’est d’ailleurs le principal défaut de ce roman que d’avoir envisagé le phénomène et ses conséquences quasi exclusivement sous l’aspect des relations sentimentales. Il y avait pourtant bien d’autres pistes et tant de possibilités !

Il faut en effet garder à l’esprit que Jeff et Pamela ne sont pas des immortels qui auraient une éternité devant eux. Ils ne font que revivre vingt-cinq années de leur existence, toujours les mêmes. Or, excepté un petit commentaire en toute fin de roman (lorsque Jeff se plaint d’écouter toujours la même musique), cet aspect de leur « aventure » n’est que très peu évoqué. C’est pourtant un point qui aurait mérité d’être approfondi car, si l’expérience accumulée leur donne une assurance supérieure, elle les prive aussi de tout imprévu. Leur existence perd l’attrait de la nouveauté. Finies les surprises et l’émotion des « premières fois »,  les héros de Grimwood ne sont plus que des vieillards dans des corps de jeunes adultes.

Autre faiblesse du roman, l’absence de solution à ce bégaiement du temps alors même que les personnages consacrent deux de leurs vies à en comprendre la nature ou la signification. On reste donc sur notre faim avec nos interrogations et nos déductions. C’est d’autant plus dommage que l’auteur a également lâché en cours de route une autre piste intéressante en la personne d’un troisième « replayer » qui se révèle être un serial killer. Une excellente idée riche de nombreuses possibilités mais qui restera là encore à l’état embryonnaire.

Au final, « Replay » n’est ni un bon roman de science-fiction ni une belle allégorie de l’existence avec ses joies et ses peines, ses échecs, ses réussites et sa magnifique incertitude. Au lieu de cela, Grimwood se contente de considérations assez vagues, de lieux communs du genre « carpe diem, profitons de chaque instant sans penser à demain » bref, des idées assez fades. Du coup, j’me regarderai bien « Un jour sans fin » !

Editions du seuil - Points - 2009

 

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Commentaires
F
Tiens, c'est marrant, j'avais adoré ce bouquin pour ma part. J'avais trouvé que c'était un des meilleurs du genre avec "Le Voyageur imprudent" et "Une porte sur l'été". Faudrait même que je le relise... ;)
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T
J'ai lu ça il y a une bonne quinzaine d'années. J'ai souvenir d'un truc un peu mélo, certes, mais plutôt efficace. C'est un peu loin. Quant à revoir "Un jour sans fin", en voilà une bonne idée. Je vais peut-être faire de même...
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FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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