LA BÊTE DE MISERICORDE - FREDRIC BROWN
Découvrir un cadavre dans son jardin n'est jamais très agréable, surtout si la police se met à vous suspecter. John Medley est pourtant un paisible retraité qui semble bien incapable de tuer qui que ce soit. Pourquoi donc l'inspecteur Ramos semble convaincu du contraire ?
J'ai déjà lus quelques livres de Fredric Brown. L'un de SF humoristique (bof) et deux excellents romans policiers : L'esprit de la chose qui mélange SF et enquête policière et La nuit du Jabberwock qui est aussi un superbe hommage à Alice au pays des merveilles. Sans être tout à fait du même niveau, La bête de miséricorde est un bon polar, original et déconcertant.
On est en effet un peu surpris d'être informé si tôt dans l'histoire de l'identité et des motivations de l'assassin. Dès lors, les investigations des deux policiers manquent un peu d'intérêt d'autant qu'elles n'aboutissent pas malgré la conviction, justifiée, de l'un d'eux. La recherche de l'assassin semble d'ailleurs devenir secondaire et s'efface derrière une foule de menus faits quotidiens.
Il faut préciser que La bête de miséricorde est un roman choral dans lequel chaque chapitre nous est raconté par l'un des personnages, principalement les deux policiers chargés de l'enquête. Cela permet bien sûr de vivre celle-ci de l'intérieur et de suivre le cheminement de leurs réflexions et de leurs déductions. Cela permet aussi d'avoir accès à leurs impressions, de connaître leur état d'esprit et même de découvrir leur univers extra-professionnel. On apprend ainsi beaucoup sur l'état de la société américaine des années soixante, sur les relations de couple, les problèmes d'ordre économique ou les préjugés raciaux.
Mais alors que l'on commence à trouver le temps long et à penser qu'il ne se passera plus grand chose, deux rebondissements viennent nous contredire pour amener une chute que l'on croit d'abord deviner pour finalement se rendre compte qu'on s'est fait blouser. Grâce à une pirouette finale, Brown déjoue tous les pronostics et parvient, in extremis, à nous surprendre. Chapeau l'artiste !
Points Romans Noirs - 2011