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SF EMOI
15 octobre 2015

RITE DE PASSAGE - ALEXEI PANSHIN

galbis029

Voilà presque deux siècle que la Terre, et avec elle le système solaire, a explosé. Seules quelques centaines de milliers d’hommes et de femmes ont pu quitter à temps le berceau de l’humanité à bord de gigantesques nefs spatiales. Depuis, plusieurs dizaines de planètes ont  été colonisées au prix, bien souvent, d’une régression technologique assez considérable. Une « aristocratie de la science » a toutefois survécu, composée de celles et ceux que le travail de la terre rebutait. Ils continuent de voyager dans les étoiles, n’entretenant que de vagues contacts avec les colonies humaines. Une vie consacrée à la recherche et l’épanouissement personnel mais réservée à ceux qui surmonte « l’épreuve » : survivre, seul, pendant trente jours sur l’un des mondes colonisés. Facile ? Peut-être. Sauf quand on a quatorze ans et que vos cousins humains ne vous portent pas précisément dans leur cœur…

Ce roman d'Alexeï Panshin est pour moi le prototype du bon space-opera à savoir un récit captivant et intelligent qui mêle à justes doses l'action à la réflexion sans oublier bien sûr des personnages profonds et attachants. Le procédé narratif est également intéressant  puisque c’est par les yeux d’une enfant de douze ans que nous faisons la découverte de ce gigantesque vaisseau où s'est réfugié ce qui restait de l'humanité avant qu'elle ne parvienne à essaimer sur de nouvelles planètes.

Nous faisons donc connaissance avec Mia, une jeune fille qui a des préoccupations de son âge, s'inquiète de perdre ses amis à cause de son déménagement et entretient des relations difficiles avec un père trop occupé et une mère absente. Nous la suivons dans ses occupations quotidiennes, ses cours, les parties de football, les expéditions dans le système d’aération du vaisseau... Le ton est gai, léger, presque insouciant.


Pourtant, le propos d'Alexeï Panshin est beaucoup plus sérieux qu'il n'y parait au premier abord. Si l'on considère en effet le récit de Mia, non par les yeux de l'enfant qui ne comprend pas encore toutes les implications de ce qu'elle voit, mais avec ceux d'un adulte réfléchi, on s'aperçoit que son monde n'a finalement rien d'idyllique. On découvre que si Mia et ses amis sont enfants uniques, c'est que le vaisseau pratique un contrôle des naissances rigoureux  ; que si leurs parents vivent rarement ensemble et n'élèvent pas leur progéniture c'est qu'ils n'ont pas forcément choisi leur partenaire ni même d'avoir des enfants mais se sont soumis aux suggestions de l'eugéniste ; que si le sixième niveau est totalement désaffecté c'est que la population du vaisseau est réduite à trente mille âmes alors qu’elle en a compté trente fois plus.


On comprend alors que la politique à l’œuvre dans le vaisseau est élitiste, égoïste et liberticide. Les voyageurs de l'espace ne sont pas de gentils esthètes occupés à de nobles tâches scientifiques ou artistiques. Ils ont aussi des comportements beaucoup moins louables. Ils marchandent leurs connaissances auprès des colons dispersés à travers l'univers et n'hésitent pas à condamner à  un exil synonyme de mort presque certaine ceux qui ne respectent pas leurs lois. Enfin, ils imposent à leurs enfants une dangereuse épreuve que plus rien ne justifie et dont beaucoup ne reviennent pas.


La société dans laquelle vit Mia est une société sclérosée, repliée sur elle-même et qui se meurt sans en avoir encore conscience. Mia elle, finira par s'en rendre compte. Ses lectures, ses échanges avec son professeur et ses amis mais surtout l'expérience vécue à l'occasion de son "rite de passage" à l'âge adulte, changeront sa façon de voir les choses. Elle comprendra la responsabilité qu'il lui faut assumer, celle du puissant envers le faible, du scientifique envers l’ignorant.

Opta - Galaxie Bis - 1973

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Commentaires
P
Pufff....:(
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F
OUi, j'ai beaucoup aimé aussi. La couverture est hideuse mais le roman est une bonne surprise.<br /> <br /> Faut pas faire attention à Suisse24, il est borné ! :D :-p
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L
Tu as tort car il y a vraiment beaucoup de bonnes choses dans cette collection. "Rite de passage" en est un bon exemple, mais il y a aussi les bouquins de Brian Stableford, John Morressy et bien d'autres...
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P
Les "Galaxie" , pas pour moi , je passe ...:/
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FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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