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23 novembre 2014

ONDE DE CHOC - ALAIN BLONDELON

imgLorsque Lionel et Alain regagnent leurs domiciles après une agréable journée passée à pêcher sur les bords de Loire, ils constatent avec effarement que villes et villages ont été vidés de leurs habitants. Pour autant les deux amis ne sont pas tout à fait seuls puisque des militaires sillonnent la campagne et exécutent sans autre forme de procès les rares survivants qu'ils découvrent. Après être venus en aide à deux jeunes femmes qui se joignent à eux et avoir survécu à une terrible onde de choc, ils se mettent à la recherche d'un abri sûr tout en cherchant à comprendre les raisons de ces bouleversements. Commence alors un dangereux périple à travers une France ravagée qui retourne lentement à la barbarie.

La lecture d'Onde de choc m'a laissé l'impression que l'auteur avait voulu se faire plaisir en écrivant un roman qu'il aurait aimé lire lorsqu'il était plus jeune, un peu comme ces histoires dont on est le héros et que l'on peut faire évoluer à sa convenance. C'est sans doute pour cela qu'on ressent si fort le côté personnel qu'il y a mis et pas seulement dans le prénom de son héros. Il est évident que les régions par lesquelles passent ses personnages (Morvan, vallée du Rhône, île d'Yeu) lui sont familières et il est tout aussi vraisemblable que certains de leurs traits de caractère ont été empruntés à ses connaissances.

Ce dont je suis en tout cas certain, c'est qu'Alain Blondelon est un passionné de SF puisque sa France post-apocalyptique doit beaucoup aux classiques du genre. Mais, malgré toute sa bonne volonté, j'ai le sentiment qu'il n'a pas su trouver sa voie entre un post-apo qui fait la part belle à l'action (A comme Alone pour rester dans les publications de Rivière Blanche) ou qui privilégie la description du quotidien (Malevil par exemple).

Cela se traduit par une alternance de scènes «domestiques » qui sonnent plutôt juste et quelques passages plus actifs mais nettement moins probants. Pourtant, entre les meutes de chiens, la marée grouillante des rats et les vilains militaires, ses héros ont largement de quoi faire. Mais on sent très vite qu'il ne leur arrivera jamais rien de fâcheux. Une petite morsure par-ci, une foulure par-là et tout rentre dans l'ordre. C'est dommage car ça nuit à l'intérêt dramatique du récit. Ca lui enlève de l'intensité et une bonne part de son attrait.

Il y a aussi pas mal de naïveté dans son histoire, à commencer par les rapports entre les personnages. Ses héros sont deux amis inséparables qui rencontrent deux cousines extrêmement séduisantes et sympathiques comme tout. Comme de juste, tout ce beau monde va tomber amoureux et hop, à chacun sa chacune. Rien d'impossible à cela bien sûr, mais son récit aurait gagné en authenticité et ses personnages en profondeur s'il avait un peu compliqué les choses : une rivalité amoureuse, des tensions parmi les membres de la communauté, des visions divergentes de l'avenir...

Ici, tout se passe sans le moindre accroc et nos deux couples en viennent même à préférer la situation présente à leur vie d'avant ! On a un peu l'impression que l'auteur répugne à mettre ses personnages en danger et même à troubler leur bonheur naissant. Il prend visiblement un grand plaisir à imaginer de quelle manière ce groupe d'amis jette les bases d'une nouvelle société et repart de zéro. Il y a un peu du rêve de gamin dans cette histoire, une envie de cabane dans les arbres, de jouer les Robinson, qui lui donne un côté sans doute plus optimiste que réellement naïf mais qui conviendra davantage à un lectorat adolescent qu'à un quadra désabusé.

Pour ce qui est de l'écriture, elle aurait gagné à être plus instinctive et spontanée, particulièrement au niveau des dialogues parfois un peu creux ou artificiels. L'auteur devrait se lâcher davantage. Que diable, lorsqu'il vous arrive une grosse tuile, il est bien plus naturel de jurer comme un charretier que comme une dame patronesse. Alors Alain, finis-en avec tes « zut » et balance nous du « bordel, fait chier, putain, merde !!! ». Je sais que tu peux le faire. 

Même constat au niveau du style qui souffre de la recherche constante du mot juste, du synonyme qui va bien et d'un surcroit d'explications nuisant au plaisir de la lecture et à la fluidité du récit. Mais ce sont là des petits défauts tout à fait pardonables pour un premier roman. Ils se corrigeront sans trop de difficultés.

Une dernière remarque en passant : la cause de la catastrophe ainsi que la façon dont les survivants en réchappent sont assez similaires à celles évoquées dans « Le deuxième matin du monde » de Manuel de Pedrolo ; un post-apo jeunesse justement.

Black Coat Press - Rivière Blanche - 2009

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Commentaires
P
J'ai bien aimé , c'est vrai du déjà lu , mais bien sympa sans prise de tête ....
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L
La suite m'attend dans ma bibliothèque mais je ne la lirai pas de suite.
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F
C'est exactement mon ressenti. Ultra classique dans le fond et la forme, ce n'est pas un livre désagréable à lire mais l'amateur de post-apo a lu cent fois cette histoire. Les chiens, les rats, les méchantes et les gentils... il n'y a pas une once d'originalité dans ce roman. Une lecture qui coule toute seule. <br /> <br /> "Dégénération future", la suite est du même tonneau. Une bonne lecture de détente... sans plus.
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FLEUVE NOIR
fl no
ANTICIPATION

 

 

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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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