LE HAUT-LIEU - SERGE LEHMAN
C'est avec beaucoup d'espoir qu'Anne Murat entame avec son client la visite d'un immense appartement sur l'ïle Saint-Louis. L'affaire s'annonce bien. L'immeuble est exceptionnel et l'acheteur est un jeune artiste américain pour qui les questions d'argent semblent secondaires. Mais alors qu'ils s'apprêtent à quitter les lieux, les deux visiteurs s'aperçoivent que l'entrée à disparue, remplacée par une fresque en trompe-l'œil. Pris aux piège d'une souricière qui rétrécit peu à peu leur espace vital, les deux captifs n'auront de cesse de trouver une échappatoire.
Le Haut-lieu reprend le thème, ô combien classique, de la maison hantée, en lui apportant toutefois de subtiles nuances. Ici, pas de vieille demeure gothique ou victorienne, pas de malédiction ou de fantômes mais un appartement au cœur de Paris qui piège ses occupants en se refermant littéralement sur eux.
L'impression de captivité domine le récit et conditionne tous les rebondissements de l'histoire. Tout tourne en effet autour de la façon dont les captifs ressentent leur situation et tentent de s'échapper.
L'auteur les fait passer par différentes phases psychologiques, jouant avec leurs nerfs et leurs émotions. L'incrédulité tout d'abord et la recherche d'une explication rationnelle (jeu ou farce réalisé à leur dépens) et de solutions plausibles (issue cachée, tentative de contact avec l'extérieur, escalade sur les balcons... ). Puis, quand le surnaturel s'impose, vient le temps de l'apathie et enfin, le rebond, l'acceptation de l'impossible et la recherche d'une solution tout aussi extraordinaire.
Le roman alterne parfaitement scènes d'action et périodes introspectives permettant de faire connaissance avec deux personnages légèrement stéréotypés tandis que sa conclusion, très bien amenée, répond à toutes les questions que l'on a pu se poser : Qui ? Pourquoi ? Comment ?
De la quinzaine de romans de cette modeste collection Frayeur que j'ai lus jusqu'à présent, celui-ci compte parmi les tout meilleurs et Serge Lehman est à n'en pas douter un auteur à découvrir plus avant.
Fleuve Noir - Frayeur - 1995