NOIRE EST LA COULEUR - JOHN BRUNNER
De retour à Londres après un long séjour en Espagne Mark Hanwell cherche à renouer avec son ancienne vie. Il se met donc en quête de Louisa, une jeune chanteuse avec laquelle il avait eu une relation éphémère. Ses recherches l'amènent à écumer les pubs où son amie est susceptible de se produire. C'est ainsi qu'il atterrit au Hoopla club, un bar fréquenté par la communauté noire, où il est témoin d'une cérémonie vaudou dont il se moque ouvertement. Un peu plus tard, il retrouve par hasard une Louisa encore plus mal en point que lui, sortant à peine d'une relation destructrice avec un diplomate sud africain sadique et raciste. Déjà bien éprouvés l'un et l'autre, ils vont être confrontés à la vindicte d'Azikikadze, le sorcier dont Mark s'est moqué. Il trouveront heureusement de l'aide auprès de Barrett, un musicien, et Deirdre, une fort jolie sorcière avec lesquels ils découvriront que vaudou et politique ne sont pas incompatibles.
Plutôt étrange ce roman de John Brunner. Plus politique que réellement fantastique. On peut même se demander s'il a bien sa place dans une collection de SF puisqu'à aucun moment l'auteur n'impose un point de vue surnaturel.
Son personnage principal, pourtant victime du sorcier Azikikadze, ne sera jamais totalement convaincu d'avoir été envoûté et continuera de privilégier des explications rationnelles. Une attitude qui semble raisonnable puisque les faits en question sont perçus soit par des personnes originaires de pays où ces pratiques sont coutumières (caraïbes, Afrique), soit par des individus psychologiquement affaiblis. Deirdre elle-même, malgré la réussite apparente de sa magie ne fanfaronne pas et se contente d'exprimer sa foi de façon très simple : « Appelez cela comme vous voulez, je l'appelle de la magie. C'est son véritable nom ».
De fait, même s'il est beaucoup question de magie blanche et de pratiques vaudou, le livre prend surtout des airs de roman d'espionnage. De ce point de vue sa construction est assez réussie et rien ne laisse présager les développements de l'histoire.
Les mésaventures de Mark et Louisa semblent longtemps n'avoir rien de commun puis finissent par se rejoindre pour aboutir à une intrigue politique originale. Il y est question d'apartheid et de luttes souterraines entre ségrégationnistes et militants blacks. Un thème bien rarement évoqué dans les littératures de l'imaginaire et qui trouve ici un traitement intéressant. Ce livre est donc une petite curiosité qui mérite le détour.
Pocket - SF - 1984