SI C'EST UN HOMME - PRIMO LEVI
L'histoire de la captivité de l'auteur dans le camp de concentration d'Auschwitz, de sa capture en 1944 à sa libération par les troupes soviétiques.
Le récit de Primo Levi est un témoignage, rien qu'un témoignage. Il n'y aborde que ce qu'il a vécu lui-même, vu de ses yeux et ressenti dans sa chair. Les tortures, les expériences sordides, tous ces actes de barbarie dont ont sait qu'ils se sont déroulés à Auschwitz et ailleurs ne sont donc pas évoqués. Il n'en a pas été témoin, n'a jamais vu de chambre à gaz et ne connaît des fours crématoires que la sinistre fumée qui s'échappait de ses cheminées.
Son propos, c'est le « Lager », le camp, et seulement lui. Il ne se livre à aucune attaque contre le nazisme et se contente de laisser parler des faits qui sont suffisamment éloquents. C'est d'ailleurs ce qui fait toute la force de son récit. Une relation fidèle et minutieuse de l'horreur quotidienne : la fatigue, le froid, la faim, la maladie et toujours la peur de faire partie de la prochaine "selektion" pour les chambres à gaz.
Il insiste plus particulièrement sur le processus de déshumanisation qui est à l'œuvre dans les camps. Elle commence dès la descente du train avec la séparation des familles et l'abandon des effets personnels puis continue avec le tatouage. Les gardiens ne les considèrent plus que comme des animaux, un vaste troupeau qu'on mène au travail ou à l'abattoir. Les prisonniers eux-mêmes finissent par perdre la conscience de leur humanité. Ils deviennent peu à peu imperméables à la misère de leurs compagnons d'infortune et ne sont plus guidés que par l'idée de leur propre survie.
On entend souvent parler dans les médias du devoir de mémoire. C'est exactement le but que recherchait Primo Levi avec ce livre. Il le résume parfaitement avec cette phrase écrite à propos de la haine nazie: « Si la comprendre est impossible, la connaître est nécessaire, par ce que ce qui est arrivé peut recommencer, les consciences peuvent à nouveau être déviées et obscurcies : les nôtres aussi. »
Pocket - 1988