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SF EMOI
30 novembre 2013

L'AUTRE COTE DU REVE - URSULA LE GUIN

img« Si je vous disais que certains de mes rêves exercent une influence sur la réalité, et que le docteur Haber s'en est aperçu et utilise ce talent qui est le mien pour ses buts personnels, sans mon consentement... » Georges Orr possède en effet l'étrange faculté de modifier la réalité lorsqu'il fait des rêves d'une certaine intensité. Une situation difficile à vivre mais qui devient carrément effrayante lorsque son psychiatre découvre son talent et décide de l'utiliser en le plaçant sous hypnose. Oh, pas pour lui-même. Juste pour rendre le monde meilleur. Mais l'enfer n'est-il pas pavé de bonnes intentions ?

J'aurais mis bien longtemps avant d'ouvrir mon premier roman d'Ursula Le Guin alors que trois ou quatre de ses livres traînaient sur mes étagères. Cette première incursion m'aura en tout cas donné envie d'y revenir dans un délai beaucoup plus bref. C'est que L'autre côté du rêve est un roman passionnant et peu commun.

Avec seulement trois personnages et sans jamais quitter la ville de Portland, Ursula Le Guin nous emporte dans un tourbillon où il est difficile de ne pas perdre pied. Une histoire ahurissante où il est question de guerre, de surpopulation, d'épidémies ravageuses et même d'extra-terrestres. Un univers surréaliste où les vérités d'hier ne sont plus celles d'aujourd'hui, où le présent peut modifier le passé et dans lequel ignorer ce que l'avenir vous réserve n'est pas qu'une simple expression.

L'histoire tourne donc autour de ce pouvoir que possède Orr. Un pouvoir qu'il vit comme une malédiction qui l'empêche de trouver sa place dans la société. Difficile en effet de faire des projets lorsque vous savez que votre prochain rêve peut bouleverser votre existence, celle de vos proches et même la marche du monde.

Haber, son psychiatre, voit les choses d'un autre œil. Pour lui, le don de Orr est une formidable opportunité de réformer son monde et d'assurer le bonheur des hommes en corrigeant les mauvais penchants de l'espèce humaine.

De ce point de vue le roman est un peu une fable sur la tentation du pouvoir et la vanité qu'il y a à vouloir faire le bonheur des autres contre eux même. Doté d'un pouvoir sans limites, grande est la tentation de se comporter en démiurge. Mais jouer à l'apprenti sorcier n'est pas sans risques.

Toutes les tentatives de Haber pour améliorer le sort de ses semblables semblent d'ailleurs vouées à l'échec. Qu'il supprime la guerre entres les hommes ; ils s'empressent de batailler avec les extra-terrestres. Qu'il impose la paix avec les envahisseurs d'outre espace : la violence est alors institutionnalisée et s'exprime dans des jeux ultra violents. De même du racisme : une seule race de couleur grise et l'exclusion s'abat sur les cancéreux et les malades. Les mentalités n'évoluent pas. Le racisme et la violence demeure. Seules les victimes changent.

Plus généralement, le roman nous parle de notre responsabilité face aux conséquence de nos actes. A plusieurs reprises, Georges Orr s'interroge : "La fin justifie-t-elle les moyens ?" Une question à laquelle Ursula Le Guin ne répondra pas. Tout juste nous fera-t-elle part d'une certaine philosophie de l'existence : Le monde existe, peut-importe la façon dont nous voudrions qu'il tourne. Nous devons être avec lui. Nous devons le laisser tourner. Ou encore : Je ne sais pas si notre vie a un but, et je ne vois pas ce que ça change. Ce qui est important c'est que nous en faisons partie.

Pocket SF - 1984

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FLEUVE NOIR
fl no
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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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