POP ET KOK - JULIEN PELUCHON
Dans les ruines de Rouen ou sur la plage de Berk, vingt après le "grand souffle" qui a ravagé la France, l'Europe et sans doute le monde, deux amis tentent de se faire une place au soleil. Ils devront toutefois composer avec les barbares, les zombies et autres joyeusetés de ce monde d'après l'apocalypse.
Voilà bien un livre qu'il m'était absolument impossible d'ignorer. Deux raisons à cela. La première c'est que le post-apo est le sous-genre de la SF que je préfère. La seconde tient au fait que son action se déroule à Rouen, ville où je réside depuis bientôt huit ans. C'est donc avec beaucoup de curiosité que je me suis lancé dans la lecture de ce sympathique roman.
Ce qui étonne au premier abord, c'est l'apparente normalité qui préside à la vie de nos deux héros. Nous sommes pourtant en présence d'un univers tout ce qu'il de cataclysmique même si Julien Péluchon s'amuse à nous le présenter sur un mode comique. Les pillards, les zombies et les ruines sont bien au rendez-vous. Les canons du genre sont respectés.
Néanmoins, la vie que mènent les survivants est assez proche de la notre. Tout juste un peu plus précaire. Ils ont des problèmes de couple et vont voir leur psy (enfin leur chamane) ; ils ont le plus grand mal à gagner leur croûte et trouver un logement décent y est aussi difficile que pour un étudiant boursier à Paris. Bref, une existence presque ordinaire.
On se demande toutefois s'il faut se réjouir de voir la vie reprendre tranquillement son cours après un tel bouleversement ou au contraire désespérer de l'incapacité de l'homme à construire quelque chose de neuf. Les survivants de Rouen ne font en effet que reproduire l'ancienne société avec tous ses défauts et ses inégalités. On y retrouve une classe aisée qui prospère sur les hauteurs de Mont Saint Aignan (pour les non rouennais, il s'agit de la banlieue huppée de Rouen), la populace qui survit misérablement dans les ruines de la cité et, pour finir, la zombaille reléguée au rôle de machine outil. Il y a même les "barbares", des survivants régressifs passant leur temps à détruire ce qui tient encore debout et qui rappellent un peu les sauvageons de nos cités.
Comme je l'ai dit plus haut, Julien Péluchon nous conte tout cela à grand renfort d'humour. Un humour tantôt noir (la mort des parents de Kok, les zombies qu'on fait pédaler pour générer de l'électricité ), tantôt léger (la secte des adorateurs de la Verge dorée, les déboires sentimentaux de Kok ) mais toujours excellent.
Une jolie surprise donc que ce roman publié dans la collection blanche du Seuil. Eh oui ! Le post-apo est en train de gagner ses lettres de noblesse.
Seuil - Fiction et Cie - 2012