LA FEMME MORTE - BERNARD FLORENTZ
Arnaud Flacelière est un jeune homme de dix-sept ans en proie à une sévère crise d'adolescence. Il passe le plus clair de son temps libre dans les garrigues des environs de Marseille où il se laisse aller à ses idées morbides. C'est là qu'il découvre le corps d'une jeune femme, visiblement assassinée. Plutôt que de prévenir la police, il décide de transporter le cadavre dans un refuge isolé.
Dans le même temps, Louis le Merle, un vieux proxénète, décide de retourner sur les lieux du crime pour faire disparaître définitivement le corps de Nora, l'une de ses "protégées" qu'il a fait supprimer la veille. Mais en ce jour de la Toussaint, les morts sont à la fête et Nora leur réserve une belle surprise.
Sur la 4ème de couverture, la collection Frayeur se flatte d'être la première à avoir osé publier un roman de Bernard Florentz. Honnêtement, il n'y a pas de quoi se vanter car cette histoire de fantômes (ou de zombie, on ne sait plus très bien) est extrêmement pauvre dans à peu près tous les registres.
Bernard Florentz y fait dans le sordide sans que cela apporte grand chose à son récit. Il se complaît à décrire la pourriture des chairs, les humeurs, les sanies et les vomissures. On a l'impression qu'il souhaite choquer son lecteur mais il n'y parvient même pas.
Utilisées mal à propos, ces images repoussantes suggèrent davantage le grand guignol que l'horreur pure. On atteint d'ailleurs le sommet du mauvais goût avec une scène de nécrophilie ou le jeune héros s'envoie en l'air avec un cadavre qui commence à se putréfier.
Ses personnages ne sont que de mauvaises caricatures (l'ado rebelle, la femme au foyer déprimée...) et certains ne servent à rien (le vieux maçon retraité).
Quant à son son style, il est particulièrement verbeux et frise souvent le ridicule. Voici un petit florilège de ses expression les plus invraisemblables : "une voix plus immatérielle qu'un pet lâché par le fantôme de Janis Joplin", "comme un têtard sorti trop tôt de son bocal et cherchant vainement à rejoindre la mère patrie", "un virage plus étroit que la gorge d'un nouveau né".
Alors, premier roman ou pas, ce n'est vraiment pas bon. Il n'y a aucun suspens et l'intrigue, une histoire de vengeance post mortem d'une pute sur son proxo, est indigente. Mais comme je suis d'un naturel indulgent et que je possède un autre bouquin de cet auteur dans la même collection, je lui laisse une seconde chance. J'espère ne pas être déçu.
Fleuve Noir - Frayeur - 1994