LA PETITE FILLE AUX ARAIGNEES - ANNE DUGUËL
Depuis le décès de sa mère, Miquette s'est réfugiée dans le silence. Considérée comme autiste par le personnel médical de l'institution où elle a été placée, la fillette passe son temps à ressasser ses souvenirs et à s'occuper de son élevage d'araignées. Mais derrière ce visage fermé bien des images se bousculent ainsi que la ferme volonté de ressusciter sa mère? Si, si, c'est possible. C'est écrit dans l'Almanach des sorcières. Il suffit juste d'avoir les bons ingrédients...
Une fois n'est pas coutume, ce petit roman d'Anne Duguël m'a légèrement déçu. En premier lieu, j'ai trouvé qu'il ressemblait un peu trop à Asylum : même petit héros orphelin, même histoire de vengeance, même folie latente et même cadre médicalisé.
Secundo, si l'idée de laisser le lecteur décider s'il tient entre ses mains le récit d'une fillette instable ou un roman fantastico-gore est séduisante, son traitement m'a paru imparfait. Pour que cela fonctionne pleinement il eut fallu que les deux termes de l'alternative soient aussi bien amenés l'un que l'autre. Or, si la folie de Miquette semble tout à fait probable, l'aspect fantastique n'est pas traité avec suffisamment de force pour susciter une conviction chez le lecteur.
Pourtant cette histoire de transfert de la jeunesse d'un corps vers un autre, décrépi, n'est pas mauvaise. J'ai même trouvé très original le remplacement du sorcier vaudou et de sa poupée de cire par un acupuncteur travaillant in vivo. Mais il y a par ailleurs trop d'incohérences dont l'absence de réactions de la maman de Miquette n'est pas la moindre. Car enfin, vous avouerez que passer en l'espace de quelques semaines du statut de trentenaire sexy à celui de vieille peau grabataire sans s''inquiéter plus que cela n'est pas très crédible. Du coup, le choix m'a paru un petit peu biaisé.
Heureusement, il y a la façon dont tout cela nous est raconté. A la première personne du singulier, par la bouche de Miquette ou plutôt, par le biais de ses pensées. Les pensées d'un enfant, avec ses mots, ses hésitations et ses doutes. Cela donne un récit désordonné qui va et vient au gré de ses souvenirs. L'histoire d'une fillette qui croit encore aux contes de fées, aux sorcières et aux potions. La confession d'une gamine qui se raccroche à ce qu'elle peut. A toutes fins utiles je précise que j'ai lu ce roman dans son édition originale et non la réédition revue et augmentée parue chez Denoël.
Fleuve Noir - Frayeur - 1995