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10 mai 2013

LA CAPITAINE NILIA - PAUL D'IVOI

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De retour en Egypte après des aventures mouvementées en Océanie (cf : Corsaire Triplex), Robert Lavarède prend la tête de la rébellion contre l'occupation britannique. Il sera aidé par son incontournable cousin Armand et par sa fiancée Lotia, héritière des derniers pharaons. Il recevra aussi l'appui inattendu de Jack Price, un britannique qui se découvre français, et de Nilia une jeune femme dotée du don de double vue. Toutes ces bonnes volontés ne seront pas de trop pour surmonter les sombres manœuvres de l'infâme Kaufmann et la détermination de Sir Lewis Bigun, commandant en chef des troupes anglaises. 

C'est donc avec "La capitaine Nilia" que prennent fin les incroyables aventures de Robert Lavarède en Egypte. L'occasion de renouer avec les décors déjà évoqués dans le "Cousin de Lavarède" et de voyager à nouveau le long du Nil, du Caire à Assouan, de la vallée des rois aux Alpes Abyssiniques.

Les personnages aussi nous sont connus, à l'exception des frères Price et de l'énigmatique Nilia qui sont d'ailleurs les véritables héros de ce roman. En effet, si les cousins Lavarède continuent de jouer un rôle de premier plan, ce sont bien les prédictions de Nilia et les relations tendues entre Jack et John, l'un fidèle à la Grande-Bretagne et l'autre découvrant son attachement à la France, qui influent le plus sur le cours de l'histoire. 

Celle-ci, bien que toujours aussi romanesque (échange de bébés, amours contrariées), est plus sombre que les précédentes. Elle débute pourtant de façon assez légère et avec beaucoup d'humour. Je pense notamment à l'évasion de Robert grâce à l'avarice d'un vieux grippe-sous ou aux tours pendables joués aux militaires britanniques. 

Mais très vite, les choses deviennent plus sérieuses et le récit prend un tour dramatique. La guerre s'installe pour de bon, les morts se comptent par milliers et même des personnages de premier plan tirent leur révérence. Dans ces conditions, les scènes de combats sont nombreuses et constituent l'essentiel de l'action. Pour le reste il faut compter avec quelques courses poursuites à travers le désert et les dangers que représentent la faune locale.

Pas d'inquiétude toutefois. Nos héros s'en sortent comme toujours grâce à leur esprit d'à propos et par la présence bienvenue de nombreux passages secrets (pas moins de trois tout de même !). Pour faciliter leurs entreprises, ils peuvent aussi compter sur quelques inventions, sinon futuristes du moins ingénieuses comme les aqua-raquettes qui leur permettent de se déplacer sur l'eau. Sans oublier bien sûr le Karrovarka, ce véhicule blindé et amphibie qui, disparu à la fin de "La Diane de l'archipel", fait ici sa réapparition. 

Mais ce qui frappe le plus à la lecture de ce livre, c'est le ton employé par Paul d'Ivoi à l'égard des britanniques. Jusqu'alors gentiment moqueur, il devient franchement hostile et revanchard. L'Angleterre mercantile et colonialiste est fustigée à chaque page tandis que la France de 1789 et de Napoléon est érigée en modèle. Il n'est que de lire la page 274 du présent livre (éditions J'ai lu) pour s'en rendre compte : « or, pour les Africains, France signifie bonté, Angleterre représente l'idée de rapine et de meurtre »

Ce chauvinisme, déjà bien présent dans les précédents volumes des "voyages excentriques", est ici tellement exacerbé qu'il en devient ridicule. Pour comprendre cette attitude il convient sans doute de replacer ce livre dans son contexte historique. Ce roman a été écrit en 1898, c'est à dire l'année même de l'humiliation de Fashoda qui sonne le glas de l'expansion française en Afrique de l'est. Il n'est donc pas étonnant d'y trouver une certaine rancœur à l'égard de la perfide Albion. Et pour le coup Monsieur d'Ivoi s'en donne à cœur joie ! Les cocoricos du coq gaulois retentissent à chacun des succès de l'insurrection égyptienne tandis que les réflexions sarcastiques pleuvent sur nos voisins d'outre-Manche. 

La fin du roman est encore plus naïve et cocardière. Prenant ses rêves pour la réalité, Paul d'Ivoi  réécrit l'histoire à sa convenance. Il imagine un monde où les colonies britanniques secouent le joug de leur oppresseur et accourent dans le giron de la France. Un monde dans lequel les valeurs républicaines supplantent l'arrogance d'une monarchie agonisante et où le commandant Marchand devient prince de Fashoda...

J'ai Lu - Voyages Excentriques - 1982

 

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FLEUVE NOIR
fl no
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  • Blog consacré à mes lectures dans les domaines de la fantasy, du fantastique et de la science fiction. Mais comme je ne suis pas sectaire et que mes goût sont assez éclectiques, il n'est pas exclu que j'y parle aussi d'un bon polar ou d'un essai.
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