SILENCE ROUGE - FRANCOIS SARKEL
Francine et Stéphanie partagent une petite maison dans un quartier populaire de Reims. Une cohabitation pas toujours évidente pour Francine qui doit supporter la musique assourdissante de sa cadette, une ado fan de hard rock. Malgré tout, les deux sœurs sont très proches. Aussi, lorsque Stéphanie est abominablement assassinée, Francine plonge dans une profonde dépression et seule la volonté de débusquer l'assassin l'empêche de sombrer définitivement.
Pressentant l'inefficacité de la police, elle décide de mener sa propre enquête avec l'aide de Maxime, un garçon sympa bien qu'un peu porté sur la bouteille et avec lequel elle entretient une relation épisodique. Ensemble, ils seront confrontés à la dangereuse secte des "Zélateurs du silence" et à leur chef, un psychopathe de la pire espèce...
Avec quelques scènes absolument écœurantes et gorgées d'hémoglobine, ce livre aurait eu toute sa place dans la collection "Gore" du Fleuve Noir. Pour le reste, il s'agit d'un roman un peu faiblard et quasi dénué de suspens.
Dans ces conditions, on ne s'intéresse guère qu'à la façon dont les malheureuse victimes de cette secte "décibelophobe" vont être trucidées. Et là, l'auteur se lâche carrément. On y tue avec beaucoup de recherche et un grand sens de la mise en scène. Une sorte d'esthétisme macabre qui frise parfois le grand guignol. D'ailleurs, l'auteur emploi lui-même cette expression à une ou deux reprises, comme s'il entendait de la sorte prendre un peu de recul avec son histoire, nous rappeler que tout cela est à prendre au second degré, voire au troisième...
De fait, plus que toutes ces descriptions sanguinolentes, c'est surtout l'atmosphère qui baigne le récit qui a retenu mon attention. Une ambiance cafardeuse, grise et pluvieuse qui n'est pas sans rappeler celle de "Dépression", un autre roman de François Sarkel. Les gouttières ne cessent de glouglouter, les murs suintent, l'humidité est partout. Les coupures d'électricité plongent régulièrement la ville dans l'obscurité et une odeur nauséabonde imprègne toute chose.
Les héros eux même sont parfaitement raccords puisque l'on est coincé entre une dépressive profonde et un alcoolique notoire ! Bref, tout cela n'est pas bien gai et ce n'est pas la fin qui viendra y changer quelque chose, loin s'en faut.
Fleuve Noir Angoisses - 1993